Stan de Marillac, une fille qui sait ce qu'elle veut

Nous avons retrouvé Stan de Marillac, l'auteur de Filles perdues ! Si elle n'est pas toujours tendre avec ses personnages − filles ou garçons −, elle avoue être, dans la vie, un peu rêveuse mais pas bêcheuse, frileuse mais pas anxieuse, et surtout espiègle. Un sacré personnage, en somme !


  • Quel est le titre de votre livre ? Filles perdues. Joli, non ?

  • Comment l'avez-vous trouvé ? Une évidence au moment où j'organisais par thème les petites histoires. Les personnages féminins sont tous plus ou moins paumés malgré leurs convictions à savoir où elles vont. Certaines ont des idées bien arrêtées.

  • Est-ce important pour vous le titre ? Bien sûr ! Je ne lis jamais un livre sans chercher, tout au long des pages, à comprendre le choix du titre. Je ne veux pas être trompée sur la marchandise ! Il faut que le titre rendre compte du fond et de la forme qui m'attend au détour des pages.

  • De quoi parle votre livre ? Bizarrement, je ne dirai pas : de filles, parce qu'il s'agit plutôt de ce qu'elles vivent, ressentent ou pensent dans leur quotidien (dans la rue, dans le métro, dans leur assiette, dans leurs pensées, face aux hommes, face à un seul...)

  • Comment vous documentez-vous ? Pour ce livre-là, ma seule documentation a été ma bibliothèque personnelle, pour les références littéraires. Le reste n'est qu'observation et imagination.

  • Combien de temps avez-vous mis à l’écrire ? Difficile de répondre précisément, les histoires en elles-mêmes ont jailli quasiment telles quelles, mais il pouvait se passer beaucoup de temps entre deux. Je n'avais pas non plus l'ambition d'écrire un roman, il s'agit plus de petites réflexions inspirées par des scènes observées ou inventées.

  • À combien d’éditeurs l’avez-vous envoyé ? Un seul : le bon !

  • Quels ont été les retours des éditeurs qui l’ont refusé ?...

  • Comment sélectionnez-vous les éditeurs auxquels vous avez envoyé votre manuscrit ? Je lis beaucoup, j'avais donc déjà une petite idée de ce que les uns et les autres proposaient en catalogue. Là, c'était un tout nouveau-tout beau qui cherchait du jamais lu. Je ne prétends avoir pondu une « œuvre exceptionnelle », mais un recueil inclassable. Je n'ai pas respecté les règles du genre littéraire qu'est la nouvelle, les histoires ressemblent à de mini-articles. Il n'y a aucune profondeur psychologique, aucun sentiment non plus, juste des observations qui mènent à des interrogations... auxquelles le lecteur est libre de lui-même répondre.

  • Comment avez-vous trouvé votre éditeur ? Par le bouche à oreille.

  • Êtes-vous satisfait de votre contrat d’édition ? Bah oui, ma foi !

  • De quoi parlera votre prochain livre ? Des hommes perdus ? Non, je blague. J'ai plusieurs projets en cours à l'état de brouillon, trois en fait. Cela me permet d'expérimenter différentes plumes (style, structure narrative, tonalité) et, surtout, cela m'évite la page blanche quand je patine sur un texte.

  • Avez-vous quelque chose à ajouter ? Merci, Lunatique !
dessin de Tchac
Morceau choisi :
« Un dimanche après-midi, dans le métro, alors que dehors le ciel est clair, les couleurs nettes, et qu’il fait soleil. Une bonne raison d’avoir des regrets s’avance vers elle.
L’homme est vêtu d’un pantalon de surf et d’un débardeur assorti, son cou est ceint d’un foulard rouge qui lui donne un air faussement canaille comme dans les films hollywoodiens carton-pâte et rose bonbon. Sa démarche est vacillante, ballottante, il parcourt le train sur toute la longueur, récitant la litanie des mendiants d’un ton si las qu’il ne convainc personne. D’ailleurs, tout le monde s’écarte sur son passage, les regards se détournent, dégoûtés, écoeurés par ces deux moignons exhibés, « même pas curieux de savoir comment un manchot peut faire la manche », ricane Margaux. »

Commentaires