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Aussi immobile qu’un rocher, je tends l’oreille en retenant mon souffle… quelqu’un est dans les parages, me semble-t-il. Mon ouïe a toujours été fine, et j’ai comme un sixième sens qui m’alerte : je sais, par exemple, quand les rats s’approchent du campement, je suis toujours le premier à percevoir leurs couinements suraigus. Il faut alors s’armer de bâtons pour les tuer, après les avoir fait sortir de leur trou en les enfumant.
« Tu vas rencontrer le rôdeur, il va te faire comme à elle »…
Les paroles de Kilioj résonnent toujours dans ma tête, et me font rire intérieurement bien qu’il n’y ait pas de quoi ; sa voix au timbre un peu traînant résonne en moi, et je crois bien que j’ai très peur. J’attendrai cinq minutes sans bouger et, si rien ne se passe, je continuerai ma route. Je sens mes muscles tendus et chauds comme des tisons. Mais le silence est absolu à présent. Je n’entends plus rien, si ce n’est les battements effrénés de mon coeur. Pourtant, j’ai vraiment l’impression qu’il y a quelqu’un tapi dans les fourrés.

Miljick vs Rôdeur, pp. 10/11

Extrait du recueil de nouvelles Il faut prévenir les autres, de Sarah Taupin

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