Et Dieu créa la merde

La voix monocorde qui orchestre ce manège étrange annonce un retard sur toute la ligne et s’excuse pour la gêne occasionnée. Une onde électrique s’empare de toute la foule et la soulève dans une union de contestations stériles, qui la pousse à proférer des jurons idiots comme s’ils allaient se transformer en formules magiques.
L’atmosphère moite de l’impatience perle sur les visages déconfits quand le train entre en gare. Un mouvement de panique propulse au plus près des portes les corps qui, vus d’en haut, forment d’identiques grappes de raisin rejoignant le tonneau qui exercera l’ultime pression pour en sortir le mauvais jus de ville.

Mauvais Potage, pp. 54/55

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