De
la grande salle où ripaillent tes prétendants montent des clameurs.
Peut-être est-ce parce que tu es aujourd’hui particulièrement
sensible à toute vibration, mais il te semble que l’ambiance est,
plus encore que d’habitude, agitée, tendue.
Tu
envoies tes servantes aux nouvelles.
On
t’apprend qu’il vient d’arriver un voyageur. Les prétendants
se sont moqués de lui, de son allure de gueux, l’ont injurié.
L’un d’eux l’a même frappé. Cet étranger raconte qu’Ulysse
approche d’Ithaque.
Tu
fermes les yeux. Tu ne veux pas que ton cœur à nouveau s’affole.
Tu
demandes à recevoir le visiteur. Tu insistes.
Que
l’on t’amène ce mendiant, qu’il vienne donc lui-même te
parler d’Ulysse. Tu veux voir immédiatement cet homme. Tu
l’exiges.
On
court le chercher.
L’inconnu
te fait répondre qu’il ne te verra pas maintenant.
Plus
tard.
À
la tombée de la nuit.
Pas
avant.
En
vingt ans, c’est la première fois que quelqu’un ne se conforme
pas à tes exigences. Ne plie pas devant toi.
Tu
oses à peine t’autoriser à penser ce que tu es en train de
penser...
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