Les rails parallèles de Nadine Janssens

« Le précédent numéro du Carnet l'évoquait avec beaucoup d'à-propos : la nouvelle francophone est un genre sous-estimé, autant par les lecteurs que par les maisons d'édition, alors qu'elle constitue un vivier très actif et souvent d'un accès aisé. En quelques récits plus ou moins brefs, nous voilà gentiment pris par la main, saisis à bras-le-corps, ou soudainement projetés dans l'univers d'écrivains qui jusque-là nous étaient inconnus.
C'est le cas avec les Histoires marmonnées de Nadine Janssens, qui s'inscrivent dans le genre de la nouvelle « noire de noire » : parfois poisseuses, glauques de méchanceté, de bêtise ou de fatalité, teintées de fantastique ou d'érotisme, elles creusent leur trou dans la banalité des vies d'aujourd'hui.
Au sein du recueil, quelques lignes entre chaque récit évoquent le monde des gares, des trains, ou des rails alignés côte à côte, ce qui permet d'imaginer une nouvelle reliée à la suivante : on ne quitte jamais tout à fait les personnages, ils (ou leurs doubles, ou leurs fantômes) nous reviennent quelques pages plus loin, et le monde noir qu'ils habitent avec eux. Ici c'est une vieille dame qui abandonne d'un seul coup son logis et tombe sur les habitants d'un squat, là c'est un psychiatre vieillissant qui se trouve absorbé par la présence envahissante d'une gouvernante, tandis que, plus loin, une femme et son enfant fracassent leurs vies (et leur voiture) sur un arbre... L'écriture ne s'encombre de rien se fait parfois elliptique ou au contraire, très soulignée et sournoisement détaillée, peu importe : le drame est au bout du rail. On songe un peu à Pierre Gripari, un peu à Topor ou Manchette, sans que ces renommés points de comparaison ne deviennent des références trop lourdes pour l'auteur, qui nous marmonne ces Histoires avec un aplomb personnel assuré. »
Alain Delaunois, in Les Carnets et les Instants

Une petite mise en bouche ? Allez, hop ! Voici donc une petite sélection d'extraits.

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