« À quelle table s’asseoir pour rassasier ses appétits de beauté et de transcendance ? »

« Trop petit, Le Dôme, trop de souvenirs… Pascin et son désespoir. Modi et sa volubilité, sa beauté encore perceptible, malgré l’alcool et la maladie. Utrillo avant son internement… »
Il a de la culture, Pic Paris !
Cependant que tout lui paraît vain, Pic Paris déprime. À quel zinc s’accouder pour étancher sa soif ? À quelle table s’asseoir pour rassasier ses appétits de beauté et de transcendance ? La Coupole, bien sûr ! Un territoire vierge, que peintres et écrivains n’ont pas encore souillé, où nul fantôme glorieux ne flotte, un lieu dépourvu de ces ombres qui terniraient la moindre illumination. Tout est à faire à La Coupole, pour qui sait écrire ! Son œuvre naîtra enfin.
p. 16

La bohème, la bohème
Ça voulait dire on a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l’air du temps

Le Nid, c’est l’histoire de Pic Paris, cajoleur de rêves, rebelle — poète ! —, qui entre deux verres de vin, refait le monde au comptoir des brasseries du boulevard Montparnasse. Accroché au zinc pour ne pas sombrer dans la désillusion d’un univers artistique et littéraire à ses yeux déchu, Pic Paris quête sa muse : l’authenticité.

La bohème, la bohème
On était jeunes, on était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout

Le moral bas mais le verbe haut, il se révèle tour à tour orgueilleux et insolent, élégiaque et sentimental. Fort de ses convictions, il ravive par ses diatribes enflammées les fantômes d’un Paris bohème, froufroutant et inspiré. Il a de la culture, Pic Paris ! Surtout, il cherche le sens de la vie au fond des ballons de rouge, l’inspiration au fond des ballons de blanc, et est touché par la grâce après un verre d’armagnac.

Au travers du regard embué d’un Pic Paris aussi drôle qu’émouvant, Pauline Louis donne à voir un Paris révolu et enchanteur, et pose, l’air de rien, la question du génie artistique.

La bohème, la bohème
Ça voulait dire tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie...

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