Il
y a une vingtaine d’années encore, l’idée qu’un fœtus de six
mois était doué de conscience aurait paru aberrante. Aujourd’hui,
c’est pour beaucoup un fait reconnu, et Benjamin Taïeb en est même
convaincu puisqu’il a choisi un fœtus pour protagoniste de son
premier roman.
Le
point de départ de Journal d’un fœtus ressemble
à un nombril. Seul dans son placenta, sans même un jumeau à qui
parler, un foetus soliloque dans un semblant de dialogue avec sa mère
: le géniteur qu’il faudra bientôt appeler
« papa » ; la quête du prénom, forcément original ; la couleur
des rideaux de la chambre ; les phobies alimentaires ; la liste de
naissance ; l’haptonomie ; le babillage maternel ; etc. Rien ne lui
échappe, tout y passe.
Et
voilà bien un fœtus qui a la dent dure ! C’est même avec un
appétit féroce qu’il croque le portrait de la famille accomplie,
cependant loin d’être parfaite — ah ! les grands-parents —
confite dans ses idéaux socio-économiques et pétrie de valeurs
culturelles bien comme il faut. Le foetus maronne, fulmine, maugrée,
il regimbe et martèle de ses petits poings rageurs le ventre de sa
mère, extatique à le sentir bouger avec tant de vigueur.
Journal d’un fœtus ne
laisse aucun répit à nos zygomatiques, stimulés par un flot
ininterrompu de rosseries dont nous ne pouvons, lecteurs conquis,
qu’admettre la justesse — en évitant
toutefois de nous y reconnaître.
Mais
notre plaisir de lecteur ne s’arrête pas là. Tandis que le voile
enfin se lève sur les tourments légitimes d’un foetus, c’est
une écriture qui se révèle, pénétrante, piquante, et surtout
fringante. Benjamin Taïeb s’amuse à bousculer les convenances,
tant dans le fond que dans la forme, pour donner naissance à une
œuvre réjouissante au caractère bien trempé.
A
poussé son premier cri au mois de juin 2014.
Taille
: 13,5 x 17 cm.
Poids
: 60 g.
Bienvenue
au monde !
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