« Dense,
noire, sensible, élégante, Le poids du monde
de Marlene Tissot,
nouvelle de 20 pages parue l'an dernier aux éditions Lunatique, nous raconte la
dérive psychologique d'un homme qui ne parvient plus, malgré
l'amour des siens - de sa femme et de ses deux enfants - à s'insérer
ni dans la société ni dans la vie tout simplement.
La
seule charité, la seule compréhension qu'il trouve l'espace d'un
jour se trouve chez les forains.
Chômage,
dettes, huissiers finissent par avoir raison de lui.
À trop porter ainsi le poids du monde, il s'imagine, pris dans
l'implacable logique qui l'entraîne vers le fond, qu'un sacrifice
(le sien) est nécessaire pour permettre à sa femme Lili et à leurs
deux jeunes enfants de tout reprendre à zéro.
Il
y a du David Goodis dans l'atmosphère du récit.
Anti-héros
sans espoir.
Il
y a surtout du Marlene Tissot qui trace sa route de poétesse, de
romancière, de nouvelliste.
Le
destin, même s'il n'est pas écrit avec certitude, semble impossible
à surmonter. Quoi qu'il fasse, le narrateur ne peut que s'enfoncer
davantage. Malgré la lumière, malgré la force de résistance de
Lili, malgré son amour pour elle.
La
force du sombre est plus tenace encore.
On
suit donc les méandres de cet anti-héros, entre monologues
intérieurs et parties dialoguées, entre la honte, le mépris des
autres, le sentiment de n'être jamais à la hauteur, de n'être à
sa place nulle part. Pas même auprès des siens.
Ce
personnage est un anonyme parmi tant d'autres ; ça pourrait être
vous, ça pourrait être moi, et on pourrait forcément se
reconnaître en lui, en tout cas sur de nombreux aspects…
Le
désespoir n'a pas de nom, pas de prénom.
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