"Accept and move on"

Dans ce court roman, Les Murs, qui se lit d’une traite, Stéphanie Braquehais, nous entraîne dans la journée particulière d’une femme en proie au mal de vivre, qui, après un drame, doit tout réapprendre, et, peu à peu, se reconquérir elle-même.
Pour cette femme, dont Stéphanie Braquehais décortique le mal-être, chaque jour est un combat, une lutte, une éternelle répétition. Impossible de ne pas se battre : quand on est mère de famille, qu’on a des responsabilités, il faut donner le change, préserver les apparences, et rester forte.
Son fils est là, réalité immédiate et tangible. Cet enfant auquel elle doit délivrer une terrible nouvelle, ce garçonnet qu’elle ne pourra épargner des vicissitudes d’un monde qui tremble. En s’adressant directement à son héroïne par l’usage du « tu », l’auteur nous donne l’impression de parler un peu d’elle-même autant que de chacun de nous. Cette femme, nous la connaissons. Enfermée dans son corps devenu une prison, comme dans sa tête, où, pour se protéger de l’extérieur, synonyme de danger, elle a bâti des murs devenus impossibles à franchir.
Dans ce court roman, écrit dans un souffle et inspiré de l’actualité récente du Kenya, son pays d’adoption depuis près de dix ans, Stéphanie Braquehais, nous emporte dans les méandres de ce que l’on peut ressentir après un traumatisme « mais pas uniquement », dit-elle. « Au départ, j’ai voulu travailler sur la notion de territoire, raconter comment un espace familier – si familier que nous n’y faisons plus attention, la maison, les rues de son quartier – peut brusquement devenir hostile et synonyme de menace. Une sorte de ciel avant l’orage. »
Stéphanie vit, comme son héroïne, dans un environnement où se sont immiscées la violence et la peur. Mais l’histoire de cette femme, cloîtrée dans cette douleur que personne ne comprend, est universelle. "Accept and move on", « accepte et passe à autre chose », voilà ce qui se dit à Nairobi. Cette capacité de résilience, s’est longtemps avérée « déroutante » pour l’auteur, déconcertée par cette manière de glisser sur les événements, sans les analyser ni se poser trop de questions. Comme si ces tragédies n’étaient qu’une fatalité de plus à accepter. Comme si rien ne méritait qu’on s’y attarde parce qu’inévitablement, un autre drame balaiera le précédent. « En écrivant cette histoire, je pense que j’ai voulu créer de la mémoire et résister au rouleau compresseur de l’oubli, du cycle de l’actualité qui gomme tout sur son passage à chaque nouvelle « histoire » ». Si les événements passent, la douleur qu’ils ont fait naître, elle, persiste.

Larticle complet (sans les coupes, ha, ha, ha !) est à lire sur le site de Paris-Match.

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