« Les pierres claquent d’ocre. »

Deux jardins
L’ombre est profonde sous les chênes. Un vieux portail supporte l’exubérante vigueur d’un rosier sauvage. Puis ils atteignent la retenue d’eau naguère utilisée pour la forge. L’homme de raconter l’histoire du lieu à travers les siècles, sa particularité géologique, son exploitation, sa renaissance comme demeure d’agrément. Les feuilles bruissent, les eaux donnent leurs mots. C’est maintenant vers un bras d’eau qu’ils s’avancent, laissant à leur gauche quelques grands bâtiments auréolés d’aralias géants et tapissés d’ampélopsis par endroits rougeoyants, aujourd’hui rénovés pour la location saisonnière. Le guide explique, renseigne, commente. Pascal et Philippe acquiescent, opinent, questionnent, plus attentifs cependant à ce que les frondaisons et les eaux tissent d’atmosphère et de magie. Car, de ses mains souveraines écartant les nuages qui jusque-là ont encombré le ciel apparaît le soleil, et, dans l’offrande de sa lumière, le jardin tout entier se fait lieu rare, espace à préserver, île à se souvenir. Là les bambous aux chaumes noirs, ici les fougères arborescentes. Un sous-bois, un massif de buis taillés, et au détour d’un couple de viornes la vue sur la maison frappée de cet inespéré soleil. Les pierres claquent d’ocre. Le velours du solidago invite à la caresse.



Cette nouvelle a puisé son inspiration en Limousin, dans le réputé Jardin de Liliane.

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