Tsiporah
s’éloigne de la fenêtre. Elle ne peut rester à rêvasser.
Aujourd’hui, il lui faut enterrer son père et entamer le deuil
réglementaire. Elle s’est longuement renseignée, car elle ne
connaît pas les rituels. Elle n’est pas juive, elle. Elle n’est
que le fruit illégitime du vieux rabbin et d’une chrétienne.
Un dérapage. L’acte consommé, le rabbin a fui la goy. Il fallait
un bon mariage : une célébration intra-communautaire, une
femme plus jeune, d’autres enfants.
Tsi
est restée. En trop. Hoquet involontaire, présence si légère
qu’on l’oublie. Avant de mourir, sa mère l’a nommée
Tsiporah : petit oiseau.
Le Strudel aux pommes, A. Nebojša, p. 10
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