Un appel à la littérature


Un appel à la littérature
« Elle n’aura poussé qu’un miaulement contrit. Timide déjà, s’excusant presque ». C’est ainsi que débute l’histoire de Jeanne, un jour de mars de 1918, dans une petite ferme bretonne, non loin de Quimper. Jeanne grandit aux côtés de sa mère, Marianne, de son père Henri, de sa sœur ainée Marie et de ses deux frères. Elle gardera de Marie, qui meurt à 18 ans, « l’image idéalisée d’une sainte ». Le père disparaîtra, usé par la maladie, quelques années plus tard. A l’école, elle découvre les mots, leur goût, les mystères de la religion, la fascination et les peurs qu’elle suscite. Plus tard, c’est la nature qui se substituera au sacré : « au moins on y voit le ciel, le vrai ». Et puis ce sont les premières rencontres, le premier amour et la déception qui en découle. L’apprentissage de la vie. Jeanne n’est plus une enfant.
C’est de Christophe qu’elle tombe amoureuse. Mais l’histoire de Jeanne croise la grande Histoire. Née à la fin de la première Guerre Mondiale, elle voit celui qu’elle aime gagner le centre de Recrutement de Quimper au lieu de l’église où ils auraient pu se marier. Mais la guerre sera trop courte pour les séparer et le mariage aura finalement lieu. Leur premier enfant, peut-être aidé par les clameurs de la Libération qui commencent à se faire entendre, voit le jour en 1945.
Rapidement, comme sa mère plus jeune, il s’éprend des mots. A 10 ans, il écrit son premier récit, « un roman de cape et d’épée librement inspiré des Trois Mousquetaires ». Cet élément renvoie à la biographie de l’auteur et nous invite ainsi à lire Prête-moi ta plume comme un roman archéologique. Celui de la vie d’avant la vie, celui d’une pré-histoire, d’un retour aux sources, à la source maternelle puis à l’enfance…

Ce roman contient en lui des histoires : histoires d’une famille traversant l’Histoire de France, l’histoire d’une vocation, d’un appel à la littérature. Le narrateur a ces mots à propos de Jeanne, découvrant les joies de l’école : « elle a ce talent d’utiliser les mots pour ce qu’ils sont, mais aussi pour ce qu’ils ne sont pas, ou pas encore, les rendant plus grands qu’eux-mêmes, et ça c’est de la poésie ». Puisque Prête-moi ta plume est une histoire généalogique, on ne peut que les réutiliser pour les appliquer au présent livre : ils renferment tout le talent de Raymond Penblanc.

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