cette relation qui oscille entre galanterie et goujaterie



Je vous embrasse. C'est ainsi que l'homme conclut les rares messages qu'il adresse à la narratrice. L'expression reste cependant ce qu'elle est : trois mots jamais accomplis.

À partir et autour de ces trois mots, de ce geste esquissé comme une promesse ou un aveu ajourné, la jeune femme sonde les contours et les anfractuosités du sentiment amoureux, de cette élan indéchiffrable qui entraîne un être vers un autre sans que la réciprocité soit jamais avérée.
De cette relation, le peu de faits qui nous sont rapportés est soumis à l'interprétation et à l'analyse de l'amante qui, lucidement, presque froidement, décortique l'imperceptible mouvement qui va de l'attachement au détachement.

Tout en suggestions, tout en non-dits comblés par des hypothèses, ce court roman effectue un trajet d'une densité fulgurante au cœur des rapports amoureux, en s'éloignant de l'histoire particulière du personnage pour s'avancer en territoire plus universel.

Loin du marivaudage et de la romance attendue, le ton s'affûte en lames piquantes pour mettre à nu, sans violence mais sans complaisance non plus, les petits accommodements, les capitulations et les renonciations que l'on est capable d'accepter par amour. Mais le seuil de tolérance une fois atteint, il reste à s'observer agir, réagir, abandonner jusqu'à ne plus se reconnaître.
L'écriture se pare du plus vivant, du plus pur des classicismes poudisséquer avec impertinence cette relation qui oscille entre galanterie et goujaterie.

Pascale Pujol lacère à coups de griffes malicieux les serments, les promesses et les mots d'amour. Et c'est un régal, une gourmandise d'une acidité délicieuse !




Commentaires