« Paris, à l’ombre des cœurs. Des cœurs qui palpitent, se cherchent, se séduisent, espèrent, se rejettent. »


Paris, à l’ombre des cœurs. Des cœurs qui palpitent, se cherchent, se séduisent, espèrent, se rejettent. Paris, à l’ombre du peut-être ou du jamais, des relations qui se trouvent, languissent, jouent au jeu du chat et de la souris, des illusions et désillusions, des promesses qui ne disent pas, des gestes qui s’attardent, des baisers qui se croisent.
Paris, à l’ombre des jeux d’un amour, d’une histoire qui se signe par ces mots chargés de sentiments, de vœux pieux. « Je vous embrasse ». Des mots rares sur lesquels une femme, la narratrice, s’attarde comme une quête de sens, un masque séduisant, un désir velouté, charnel, précieux, si précieux dans un monde où semble régner la futilité des amours laconiques téléchargés, une urbanité si charmante, désinvolte et à la fois sincère. « Je vous embrasse ». Des mots ourlés, cousus, comme un leitmotiv, une voracité d’un cœur qui palpite. Insoupçonnable montée en puissance de l’envie, l’envie d’une vie qui se remet à respirer, loin des fils si ténus de la toile, loin des mailles, comme un torrent rafraichissant, ravigotant, qui emporte, rapide et grondant, tumultueux. La surprise. L’envoutement.   
  • « Chaque Je-vous-embrasse sécrétait une hormone de douceur, une onctuosité qui anesthésiait mes craintes et dont je tirais un fil invisible jusqu’à un prochain message ou un hypothétique rendez-vous […] m’autorisant seulement entre-temps le répit lancinant qui nourrissait mon état permanent de désir. » 
« Je vous embrasse » 
Comme ces quelques mots que l’on adresse au pied d’une lettre dans l’espoir de retrouver l’auteur, de continuer l’histoire hors des lignes, de poursuivre la missive. Valet de cœur ou roi de pique ? « Ne jouez pas avec moi » semble dire la narratrice, ne jouez pas à la caresse de l’amant, à la voix veloutée du maitre seigneur, la flatterie bourgeoise du séducteur.
Les battements de cœur font place à la dépendance, dépendance d’une langueur, d’une attente, d’une volonté se perdant dans les élans désordonnés des sentiments, l’espace-temps des questions sans réponses. Géographie bouleversée d’une carte du tendre télescopant celle du trésor jamais trouvé. 
  • « Aucune femme amoureuse ne devrait s’en satisfaire, et pourtant je m’étais contentée de ce simple codicille qui masquait la légèreté de ses réponses. » 
« Je vous embrasse »
La quête de savoir, de comprendre, se libérer d’un trouble désir avoué. Pouvoir le toucher, pouvoir faire tomber ce masque. Perversité ou simple désarroi gauche emprunté à une timidité mal dissimulée.
Paris, place de l’Alma.
La douceur fait place à l’urgence, au point de rupture, aux questions qui démasquent, aux réponses qui se disent, se dévoilent, s’échappent. Bal masqué d’une rencontre à nu. Confiance, chimères ? Vacillante elle avance, paupières et cœur sous la flamme des courants d’air, paravent d’un orgueil qui se réveille, se révolte, balaie d’un geste, le séducteur, renvoie dans les cordes l’image trompeuse de l’homme lisse entretenant l’illusion d’une relation possible.  Le jeu du chat et de la souris fait place aux ombres chinoises, au tracé secret d’un labyrinthe d’une dame de pique se réveillant sous le baiser d’un prince charmant démasqué.  
  • « Je m’arc-boute, je me rebelle ; je m’obstine, je veux faire céder la digue, les évidences auxquelles je ne crois pas. Je veux déchiffrer, je veux comprendre, je veux pénétrer l’impénétrable. Pour cela je n’ai guère le choix : il me faut interroger ses démons – et affronter les miens. » 
La nuit tombe sur la place de l’Alma. Les sourires gracieux deviennent sérieux, les baisers se refusent, les fantasmes se plient.
  •  « Je vous embrasse… ou pas ? »
Un très court texte de Pascale Pujol qui nous entraine dans un jeu de la séduction, des désirs, des histoire d’amour qui se réveillent, se révèlent, des promesses aux gouts de miel et d’amertume. Le jeu des illusions, des tromperies, des rebellions aux mots sucrés-salés, aux interrogations qui obligent à la sincérité.
D’une langue subtile, envoutante, aux bords d’une poésie de veuve noire, Pascale Pujol tisse et met à bat les mots des cartes du tendre, des amours galants, des paroles  courtoises. Sans faire preuve de mièvrerie ou de mots grenades, torpilleurs, elle redessine l’amour, la quête amoureuse, la puissance jouissance d’une femme qui se réveille, se livre, se lève.  
Et dans les silences qui s’réinstallent, les paupières s’entreferment de nouveau. La partie de cache-cache continue, les mains se cherchent, s’effleurent. Qu’importe la longueur de la nuit, les cartes ont été jetées, la partie se termine. Echec au roi. 
  • « J’avance la main au risque de me brûler. Je ne reviendrai pas sur mes pas ; je poursuivrai ma quête, à tâtons. Car mon désir porte en lui son propre accomplissement, sa propre liberté, cette toute-puissance qui s’affranchit de l’autre – sa propre solitude, aussi. »
Chronique dénichée sur Le blog du petit carré jaune

Pascale Pujol est invitée le week-end prochain à la fête du livre de Merlieux et Fouquerolles.

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