« Tu lui diras une bonne parole pour moi, car tu sais bien, toi, que je ne suis pas un mauvais garçon. »



L'Heure du poltron, de Marie Frering

sélection 2018 du prix SGDL du 1er recueil


Nocturne anversois

Maintenant j’ai encore autre chose à te demander et ceci pour mon compte, et qui se rapporte à notre voisine de l’impasse du Glaive, Dolphine Plaschmans, la trieuse de café. Êtes-vous toujours amies ? La nouvelle que je vais t’annoncer ne t’étonnera pas fort. Écoute, je vois cette fille si volontiers que je donnerais bien cent francs si elle voulait de moi pour son bon ami ! Aucune nuit ne se passe sans que je la voie dans mon rêve. Demande-lui, veux-tu ? Si elle se rappelle la fois où nous avons dansé ensemble à la grande kermesse, une seule danse au Saint-Michel, dans la rue du Couvent ? Demande-lui aussi comment elle me trouve, si je suis à son goût. Tu lui diras une bonne parole pour moi, car tu sais bien, toi, que je ne suis pas un mauvais garçon. Dis-lui que si elle voulait de moi je l’habillerais tout à neuf, sans oublier les bijoux et le reste, mais il me faut d’abord savoir si je lui plais. Et si elle répond que oui, tu lui donneras une de mes photographies, que j’ai fait faire pour mon engagement à la compagnie. Il y en a encore deux à la maison. C’est mis en quatre langues au dos de chaque photo, même en suédois. Depuis que je suis à bord du Prosit je parle presque aussi bien le suédois que le flamand.
pp. 53/54

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