« Il va mourir dans un instant, il le sait, et c’est pour cette raison qu’il crie. »


Le garçon crie. Il va mourir dans un instant, il le sait, et c’est pour cette raison qu’il crie. Sa mort est imminente : elle l’est depuis près d’un siècle. Ce garçon, puisqu’il est en bronze, on ne sait pas s’il est brun ou s’il est blond. Ses cheveux sont peut-être d’une couleur changeante, comme ceux de Martin qu’on ne sait jamais comment qualifier, qui tirent vers le roux à la fin de l’été. La couleur des cheveux du garçon (une tignasse dense dans laquelle on ne pourrait pas passer la main), c’est la même que celle de son visage et de son uniforme : un vert pâle, un vert-de-gris. Et ce soir, c’est surtout un gris-tout-court, car il est tard et que c’est l’hiver : la nuit est arrivée tôt, elle est déjà installée dans le square depuis longtemps. Sur le piédestal de pierre s’élève un garçon gris, dur et froid dans un grand ciel noir.
p. 9

Antonin Crenn sera en dédicace à la librairie Charybde (Paris) le 24 octobre, et à la librairie Parenthèse (Saint-Céré) le 10 novembre.

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