« Ils sont trop nombreux, mes meilleurs amis. »


Récit de l’incompréhension et de la douleur, Classe de mer retrace le calvaire d’un jeune garçon confiant en ses « meilleurs amis ». Trente ans plus tard, la rancoeur est toujours là, tenace, et gronde la colère à l’encontre de ces adultes, parents, institutrices, moniteurs et pompiers, qui, indifférents ou indolents, n’ont jamais rien vu, ne sont jamais intervenus. Ce ne sont que des enfants.
Oui, mais « ensemble, ce ne sont plus des enfants ».

Extrait :
Ils sont trop nombreux, mes meilleurs amis.
Dernière année d’école élémentaire, nous sommes heureux d’aller en classe de mer, sur l’île d’Oléron. Nous rions et parlons fort. J’ai une casquette grise à longue visière que ma mère m’a achetée pour le séjour.
Je suis le premier à monter dans le train. Je m’installe sur l’un des premiers sièges disponibles, tout de suite à droite en entrant dans le wagon, vite rejoint par un camarade. Eux s’installent plus loin, à gauche, dans un « carré ». Ils fomentent leur plan.
Ensemble, ce ne sont plus des enfants.
Je suis le premier de la classe, le plus petit des garçons, je porte des lunettes.
Je suis seul. Ils ont décidé d’être contre moi. Je ne peux pas être contre eux — mes meilleurs amis. Ensemble à l’école depuis au moins cinq ans. Nos parents amis.
Ils sont tous venus chez moi. Je suis allé chez eux. Nous nous prêtons nos jouets, jouons avec les mêmes voitures, rions aux mêmes jeux de société, inventons des histoires communes. Je tombe amoureux de leurs mères et ils sont amoureux de la mienne. Nous connaissons les goûts de chacun, pratiquons les mêmes sports, allons à la même boulangerie, fêtons nos anniversaires chez les uns et les autres.
pp. 13/14

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