Un manuel de savoir mal vivre


Le dolorisme semblerait le nec plus ultra de l’auteure. Sauf qu’il existe un “mais” de taille. Celui de l’humour. D’autant qu’il n’a rien ici du trait d’esprit facile, ce qui est la la portée de n’importe quel plaisantin.
Sandra Bechtel possède une autre ambition et son intelligence ne se suffit de coups bas à la portée de tous. Elle rive le clou dans ses leçons de conduite aux fiers à bras et son “comment rater sa vie” espère un qu’on “vous foute la paix. Car être inutile à grande échelle implique (au moins) de l’être à petite, et réciproquement”.
On aura compris que ce manuel de savoir mal vivre n’est pas facile. Il faut un certain stoïcisme pour atteindre un stoïcisme au milieu des “hypes” de la “swag” et des winners. Et ce, tout en “se réconciliant avec l’huile de palme” pour ne pas uniquement “se suicider au Nutella”.
Le discours de la méthode en 30 points de la créatrice reste le parfait contre-poing dans la figure des livres qui nous assomment en nous sommant de nous faire mal en nous proposant leur bonne sapience.
Sandra Bechtel préfère un gai savoir et rouge qui tâche plutôt que les coupettes au cours des causettes où “tranquillou” (dit-elle) on arrive à voir l’air du peu que nous croyons être.
La poétesse met à jour nos manies, nos conneries comme celle que la société nous tresse. Se pourrait-il qu’après notre temps de disette un tel livre devienne obsolète ?
Le risque est peu grand. Sandra Bechtel peut dormir sur ses deux oreilles et s’achever au Rhum blanc de tradition Antilles premier prix chez Lidl ou Aldi qu’ignorent les ladies (ou qui n’y vont qu’en cachette).
Jean-Paul Gavard-Perret, pour lelitteraire.com

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