Lettre à un héros (et les autres)



Martin,
Que deviens-tu depuis que j'ai refermé la dernière page du roman dont tu es le héros ? Depuis qu'Antonin, ton auteur, a mis un point final au récit de cette tranche d'adolescence ?

Tu étais lycéen, j'imagine que tu ne l'es plus. Mais regardes-tu toujours les étoiles s'accrocher aux vaguelettes qui courent à la surface de la rivière ? Cours-tu toujours pour raccourcir les distances, tout en les rallongeant entre toi et les Autres ?

Retournes-tu parfois toucher les tours en ruine ou admirer le causse dont la splendeur t'intimidait au point que tu en repoussais la contemplation ? Et Félix, celui qui attirait et ton regard et ton coeur, qu'en est-il de lui ? Tu vois, moi-aussi, je m'en pose des questions. Et, comme toi, je n'ai pas toujours les réponses, alors je les imagine, et les garde pour moi.

J'ai adoré ce roman passé avec toi, Martin. Le Héros et les autres est un beau moment qui réunit la force et la sensibilité de ton adolescence, ses sourires et ses drames, ses émois et ses doutes. Une fois encore, l'écriture de ton auteur a fait mouche, toute en finesse et en émotion, j'ai retrouvé son regard sur la ville et ses détails, sur la nature et ses merveilles, sur son héros et ses tourments, sur les autres. Antonin Crenn a toujours ce don de trouver les mots justes qui font appel à nos sensations, nos sentiments, nous guidant avec intelligence et délicatesse, dans ce qui se lit sans être écrit, dans ce qui se vit sans forcément se dire.
Martin, tu dois t'en poser encore, des questions, et tu t'en poseras peut-être longtemps. Une multitude. C'est le lot de ceux qui doutent, qui espèrent, qui pensent, qui font, qui vivent, quoi. Et tu ne trouveras pas toujours les réponses ou bien tu feras semblant de ne pas les voir car certaines bousculeront tes habitudes, remettront en question tes certitudes. Comme dans 
Le Héros et les autres, il y sera certainement questions de ton rapport aux autres, d'amour, d'amitié, de la vie, quoi. Et comme nous ne sommes pas des statues, figées pour l'éternité dans un square de Saint-Céré, réponse ou pas, il te faudra avancer, vaille que vaille, au milieu des Autres et je ne peux que t'y encourager.

Alors, que deviens-tu Martin ? Quand, depuis la berge, tu te penches au-dessus de l'eau de la rivière, qu'y vois-tu aujourd'hui ?

Qui vois-tu ?

Lettre recopiée de Babelio


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