« Les contours du monde se sont estompés et la connaissance que j’en ai désormais est lacunaire. »

 

Captive, un roman d’Elsa Dauphin
À paraître le 15 février 2022

Léa vit seule, en marge de la société. Dans cette solitude volontaire, elle tente de se réapproprier son existence. Mais, le passé trop lourd fait retour, au gré des souvenirs épars et des événements auxquels elle se trouve confrontée. Captive d’une mémoire fragmentée, dans une exploration intérieure troublante, elle oscille entre présent et passé.


Petit aperçu :

La petite maison, isolée en pleine campagne, m’enclot d’un silence calme et inoffensif dont les brisures ne sont que bois qui craque brièvement, feulement du vent dans les houppiers des arbres et trilles vaporeux des oiseaux.

Je ne me résous pas encore à sortir. Trop d’inconnus, d’incertitudes. Les contours du monde se sont estompés et la connaissance que j’en ai désormais est lacunaire. Il me faut le réapprendre, le réinvestir, si tant est que je puisse y trouver ma place ; une place, aussi minuscule soit-elle, comme la dernière pièce d’un puzzle qui viendrait s’imbriquer idéalement dans un petit espace vide et tarabiscoté, à peine visible dans le grand paysage humain. Pour le moment, je ne pénètre la société des hommes que poussée par la nécessité, pour me rendre à l’épicerie du village où je fais provision de denrées alimentaires. De brèves sorties où je côtoie les gens de façon superficielle.

Je me tiens figée sur la pierre de seuil.

Loin de tout.

Si bien d’être si loin de tout. De tous,

profitant pleinement de cette solitude volontaire,  je me ressource, faisant boussole du chant des oiseaux, dès l’aube, à ce point de rupture entre le jour et la nuit, quand rien n’est tout à fait fini ni commencé.

 tout peut encore advenir.

pp. 9-10


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