« C’était comme une évidence, il fallait que j’écrive sur l’histoire de résistant et de déporté de mon grand-père. Pour ne pas oublier. »


Hier, je vous ai invité ICI à découvrir C’était ton vœu de Céline Didier. Aujourd’hui, je vous propose de la rencontrer (virtuellement) grâce à une interview ! Je tiens à remercier Céline pour le temps accordé à ce questionnaire, ainsi que Marie Bourcy, car la rencontre organisée dans sa magnifique Librairie, à Hennebont (56) a été l’occasion de rencontrer Céline, et d’échanges passionnants ! 

Valérie Michel : Bonjour Céline, et merci pour avoir accepté mon invitation. Quel est ton parcours professionnel ?

Céline Didier : Mon parcours professionnel a comme fil rouge l’ingénierie culturelle. C’était d’ailleurs l’intitulé de mon DESS (Master), j’aime bien cet intitulé car le terme ingénierie est rarement accolé au monde la culture. Et pourtant c’est de bien cela dont il s’agit : l’étude d’un projet sous tous ses aspects. J’ai donc été chargée de projets et aussi de communication. J’ai toujours eu la double casquette (dans le secteur culturel c’est très courant, on a rarement une seule casquette). Et comme le monde de la culture est vaste, je ne me suis pas privée du champ des possibles qui s’offrait à moi. J’ai donc travaillé dans plusieurs domaines : le milieu du livre (festivals et salons, maison d’édition, action culturelle autour de la langue française…), le spectacle vivant, l’archéologie préventive, l’art contemporain et le patrimoine. Et j’ai varié aussi les plaisirs en travaillant dans des organisations très différentes : dans le privé (en association et en entreprise) et dans le public (collectivités locales et établissement public). Toutes ces expériences m’ont permis d’intervenir comme chargée d’enseignement à l’université et comme formatrice, ça, c’est mon goût pour la transmission et pour l’échange.

Valérie Michel : Ce parcours te prédestinait-il à devenir autrice ?

Céline Didier : Cela pourrait paraître évident étant donné que j’ai baigné dans des univers où la création est omniprésente, au contact d’artistes, d’écrivains, de musiciens, de vidéastes, de metteurs en scène etc., et que j’ai beaucoup écrit dans le cadre de mes missions. Et pourtant je ne m’étais jamais projetée comme autrice. Je lis beaucoup, je suis très admirative du travail des écrivain(e)s et je ne pensais donc pas du tout il y a encore moins de trois ans m’aventurer dans cette voie.

Valérie Michel : À quel moment as-tu décidé de transmettre le témoignage de ton grand-père ?

Céline Didier : À un moment où professionnellement, j’ai eu besoin de faire une pause. Une grosse pause pour me ressourcer. J’étais épuisée et aussi désabusée, j’étais en quête de sens. J’avais la quarantaine… alors non rassure-toi je n’ai pas fait de crise de la quarantaine mais je crois que j’ai eu besoin de faire un point. Un point d’étape. Un point de milieu de vie… Je me suis fait accompagner et c’est au cours de ce travail que l’écriture n’a cessé de jaillir de toutes parts, j’ai donc accepté de me donner un peu de temps pour écrire. Le sujet s’est imposé tout de suite. C’était comme une évidence, il fallait que j’écrive sur l’histoire de résistant et de déporté de mon grand-père. Pour ne pas oublier.  

Valérie Michel : Quelles ont été les étapes importantes de l’écriture de « c’était ton vœu » ?  

Céline Didier : La première étape a été la question de la matière que j’allais pouvoir utiliser. Mon grand-père était mort depuis longtemps, ma grand-mère depuis 3 ans… la mémoire vivante ne m’était donc plus accessible. J’aurais pu nourrir mon récit en faisant des recherches dans les livres d’histoire et aux archives mais j’ai tout de suite éliminé cette option. Il y a déjà beaucoup d’ouvrages sur ces questions, et comme j’ai fait fac d’histoire, je ne me voyais pas me lancer dans un tel travail de recherche. J’y aurais passé des années ! Quand je me suis décidée à écrire, il y avait comme une urgence. Je m’étais donné seulement quelques mois. J’ai donc décidé de partir de mon vécu de petite-fille, de mes souvenirs d’enfant, de mes réflexions d’adulte et surtout des traces écrites qu’avait laissées mon grand-père dans un petit cahier que ma mère détenait.

J’ai ouvert une page blanche et j’ai écrit un premier texte d’une traite, c’est d’ailleurs celui qui ouvre le livre. Je l’ai envoyé à ma famille le soir même pour qu’ils le lisent et pour avoir leurs impressions, comme par besoin d’officialiser sans attendre ce projet d’écriture et donc ne pas pouvoir faire machine arrière. Ils ont été touchés et étaient impatients de lire la suite. J’ai donc continué sur ma lancée.

Le 1er texte, je l’ai écrit dans un style particulier avec beaucoup de retours à la ligne, des répétitions, comme un texte à scander. Je n’ai su qu’après avoir essayé d’écrire le 2e texte dans une prose plus classique qu’il fallait que je revienne au ton et au style dictés par l’écriture de ce premier texte. Je me suis donnée alors toute liberté de style, sans aucune contrainte et sans réfléchir à ce qui serait plus publiable ou non.

J’ai ensuite avancé dans l’écriture de ce projet en découvrant petit à petit les documents que ma mère retrouvait et me transmettait. Je ne savais donc pas où j’allais en commençant, le livre s’est construit au rythme de mes découvertes et mes réflexions.

Valérie Michel : Écris-tu sur ordinateur, ou sur papier ?  

Céline Didier : Les deux mais plus souvent sur ordinateur. L’écriture sur carnet, c’est plutôt pour noter des idées, des pensées, des bouts de texte. L’écriture sur ordinateur, c’est quand je me mets « sérieusement » au travail, c’est-à-dire quand j’écris mes textes et que je les retravaille. 

Valérie Michel : En tant que lectrice, quels registres littéraires, romans ou auteurs ont ta préférence ?

Céline Didier : Ma préférence va au roman contemporain. Arrivent ensuite les nouvelles, les romans graphiques et bandes dessinées, quelques essais et un peu de poésie contemporaine.
Je lis de plus en plus de littérature française et de premiers romans. Mais les auteurs américains ne sont jamais très loin dans mes piles de livres. Et dans ces piles il y a aussi souvent des auteurs italiens, japonais ou anglais. J’ai du mal à te donner des noms d’auteurs tellement il y en a que j’aimerais citer.

Valérie Michel : As-tu déjà un nouveau projet littéraire en préparation ?

Céline Didier : Oui, il est en cours…  


Je vous invite à continuer cette échange avec Céline Didier, en lisant C’était ton vœu (si cela n’est pas encore fait) mais également en suivant son actualité via sa page Facebook et/ou Instagram !

© Valérie Michel – Un Livre après L’autre – Mardi 28 mars 2023

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