« le rêve ne me dit pas/où coulent tes entrailles/il crie pourquoi »

 

C'est une autre partition qui se joue dans nos bouches gorgées d'herbe pourpre, d'Axel Sourisseau, publié le même jour chez le même éditeur, et l'on est ici plutôt du côté du requiem que des soirées techno. L'auteur de Catafalques (éditions La Crypte) déploie une langue qui par sa forme (des fragments) et son vocabulaire (« feuil », « cataracte », « mausolées »...) évoque le deuil, celui d'un amant, et plus globalement la nostalgie d'un monde perdu un peu magique. « Le temps s'est à peine écoulé depuis mon abandon aux aigles », dit l'être disparu dans un dialogue impossible. Le livre fait résonner les échos de vieilles blessures (« le rêve ne me dit pas/où coulent tes entrailles/il crie pourquoi ») déposées en offrande à ce qui reste la figure centrale de la poésie de Sourisseau, paradoxalement vénéneuse et promesse de renaissance, le fleuve. « Il y a ces rivages que l'on n'atteint jamais/j'écope en vain/ mes veilles et mes crevasses ».


Libération des 13 et 14 mai 2023

Guillaume Lecaplain

      


Paru le 10 mai 2023

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