« Et la ronde des journées prises dans ce silence traverse nos chairs flétries. »

À paraître le 9 mars 2024

« Dans le vocabulaire géologique, un trémor est un séisme engendré par la remontée du magma lors d’une éruption », prévient Saïd Mohamed en exergue. Et il est vrai que son recueil bouscule, ébranle, avec une véhémence peu commune. Les mots bouillonnent, les images s’entrechoquent, et de là naît toute la magie qu’on appelle poésie. Déambulation d’un éternel déraciné dans des paysages réels ou intimes, délabrés ou sublimes, Trémors célèbre l’amour, l’amitié, le partage de peu mais de l’essentiel. On y entend la douceur d’une promesse et la raucité de celui n’a de cesse d’élever la voix pour partager ses aspirations, ses convictions et ses espoirs.  Avec TrémorsSaïd Mohamed ouvre son cœur, et déferle toute la tendresse du loup. 

Les champs retournés, arrachés à la rocaille, sont empêtrés d’une étoupe grise qui ne disparaîtra pas de la journée.
Passe un vol de palombes dans un bruissement d’air frais.
L’hiver aux vertus de silence, d’odeur de bois trempé et de fumée, imprègne jusqu’au cuir des vieux fauteuils en demi-cercle devant la cheminée.
Et la ronde des journées prises dans ce silence traverse nos chairs flétries.
Plus d’oiseaux n’accueillent le matin de leurs cris acides., tremblantes plumes qui hurlent dans ce froid humide. 
La manne de ces instants paisibles d’avoir connu le détour par des ombres folles.
Qu’aurons-nous vécu qui ne soit moins empreint de cette ferveur que ce sentiment de repos ?

pp. 22-23

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