Aline Recoura, pardonnez cette métaphore : tricote les mots. Mailles à l’endroit, mailles à l’envers, s’émerveille, et nous touche en des instants plus sombres. Un regard lucide, le besoin de dire, la joie ou la tristesse de dire, ne s’appesantit jamais sur les déchirures. Ne gorge pas ses mots d’un pathos inutile. Une écriture légère et profonde à la fois. Une écriture de faits de gestes de l’enfance et du quotidien, une écriture à fleur de peau qui prend bien soin de ne pas griffer la nôtre. Et la laine filant, plus ou moins douce plus ou moins rêche, l’ouvrage se construit. Le titre annonce la fragilité, l’écriture, elle : une force.
Les bottes de mauvaise fille
ces bottes qu’on m’a forcée à mettre
ces bottes trop grandes qui font du bruit de vent quand j’avance
qui brûlent du caoutchouc bon marché
Les vieilles bottes, pires que des menottes […]
Le ciel ne veut plus rien dire
Pleurer et rester sur place
tout laisser tomber[…]
Orpheline de parents vivants
des bottes qui collent
comme si j’étais née avec
Au réveil j’ai dormi
comme une pierre morte
le jour j’emmagasine tant
que mon cerveau
et mes yeux sont eux aussi
pleins de sable
comme mon maillot de bain
mon sac de peau
La grand-mère de Bretagne cachée au fond du sac ? Des images, des présences, un voyage aussi.
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