L’axolotl de Julio Cortázar version gogo danseur


Sa collègue est si fière de coucher avec un playboy, ex-gogo danseur – « Je me dis que si un beau mec sort avec moi, c’est parce que je dois être belle, moi aussi. » –, que Fanny la laisse dire.
De toute façon, elle serait insincère en approuvant. Elle n’est guère sensible au manque d’expressivité du bonhomme qui lui fait immanquablement penser à l’axolotl de Julio Cortázar. Voilà ! Tout est dit ! Fanny ne lui accorde pas plus de conscience qu’à un poisson rouge et, malgré toute la fantaisie qu’on lui reconnaît volontiers, il ne lui est jamais venu à l’esprit de chercher à dialoguer avec un triton, et donc de parler avec lui – ergo !
Toujours est-il que, sa collègue ne lui épargnant aucun détail, Fanny apprend que l’entretien de sa superbe plastique d’ex-gogo danseur l’oblige à quelques exercices dont le plus surprenant est sans doute de se forcer à péter pour éviter les ballonnements.
Fanny ne sait ce qui la sidère le plus dans cette anecdote : qu’il soit aussi décontracté devant sa maîtresse pour s’adonner librement à cette gymnastique intime et pestilentielle, ou qu’elle en rie avec elle, dans le huis-clos de leur bureau, cassant ainsi l’image un peu prétentieuse qu’il se donne.
Voilà qui mérite réflexion.
pp. 127-128

dessin de Tchac

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