39.
Tu es traducteur sans traduction.
Seul.
Avec une chatte qui n’est pas la tienne.
Et des ennemis. Partout. Dans l’immeuble.
Tout à l’heure, un « blam » contre ta porte. Une autre porte qui claque. Coup d’oeil dans le judas. Personne. Tu ouvres pour examiner les dégâts. Ta voisine a jeté le paquet de pâtes devant chez toi. Il s’est vidé sur ton paillasson.
Prudent, tu ramasses et passes l’aspirateur. Ne pas donner d’arme à l’ennemi. Puis, malgré les conseils de Mlle Frixou, tu te risques sur le palier pour frapper chez la voisine et lui signaler sa maladresse. Tu frappes. Elle ne répond pas. Tu frappes. Elle ne répond pas. Tu frappes. Elle ne répond pas. Tu frappes. Elle ne répond pas. Tu frappes.
Elle chuchote : allez-vous-en. Je ne veux plus rien avoir à faire avec vous.
Toi : vous avez peur de Mme Muche ?
Elle : taisez-vous ! Ne prononcez pas ce nom ! C’est trop risqué ! Partez !
Toi, soupirant : écoutez, vous ne croyez pas que cette histoire va un peu trop loin ? Je serais ravi de discuter avec vous. Faites-moi entrer. Ou venez chez moi. On pourrait parler. Se connaître. Mettre les choses au point.
Elle ne répond pas. Tu frappes. Elle ne répond pas. Tu frappes. Elle ne répond pas. Tu frappes. Elle ne répond pas.
Tu insistes : allez, quoi !
Elle : il n’y a rien à mettre au point. Partez. Je vous en supplie, partez ! Ne me faites pas remarquer, partez !
Tu entends des sanglots. Tu hésites. Puis tu rentres chez toi et tu fermes la porte. N’importe quoi te regarde avec de grands yeux. Tu t’assois et la serres contre toi. Pour une fois, elle ne proteste pas. Ça t’inquiète.
Bien.
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