Un petit morceau de crêpe ?

À quelques jours de la sortie du Goût de la crêpe au chocolat de Léna Ellka, nous vous invitons à en déguster un petit morceau :

200 p., 18 €  ISBN 979-10-90424-08-1
à paraître à la mi-décembre 2011

Quand Luis avait entendu le colporteur raconter, au milieu de son village, qu’un grand aventurier du nom de Christophe Colomb reprenait la mer, ça l’avait fasciné. L’homme cherchait des gens motivés, solides, prêts à s’installer là-bas, dans le Nouveau Monde. Luis avait d’abord écouté toutes ces histoires à la manière des contes que lui chuchotait sa mère quand il était enfant. Il pensait à d’autres, pas à lui. Mais les bribes trottaient dans sa tête. Que pouvait-il attendre de sa vie ici ? Rien. Que pouvait-il perdre à partir ? Rien. Juste sa vie. Le colporteur était parti depuis longtemps quand Luis se dit « pourquoi pas moi ». On est en août. La chaleur est intenable, la poussière est partout, l’enfer pas très loin. Luis annonce sa décision au village. On lui dit n’importe quoi, qu’est-ce que tu vas faire là-bas, on n’est pas bien ici ?
Non, on n’est pas bien ici.
Luis veut aller voir là-bas si la vie y est meilleure. Envie aussi de tenter quelque chose que personne n’a tenté : orgueil d’homme.
Les marchands ambulants parlent sans fin de la mer et des aventures de l’Amiral de la Mer océane. Luis écoute. Ils disent que, dans la haute mer, des sirènes avaient tenté d’attirer les marins dans les fonds noirâtres par leur chant vénéneux. Ils disent qu’une tempête gigantesque s’était jetée sur les bateaux alors qu’ils revenaient de leur périple et approchaient des côtes espagnoles. Les hommes avaient même parlé de monstres marins aux tentacules adipeux. Les marchands et les colporteurs étaient souvent de beaux conteurs. Luis, depuis qu’il avait pris sa décision, écoutait tout ce qui se disait. Comment savoir ce qui était vrai et ce qui n’était qu’une belle histoire terrifiante ? De toute façon, il ne reviendrait pas en arrière.
pp. 9-10

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