Le mystère du masque Pendé enfin résolu

Refrain :
Pendé, Pendé, tous possédés !
Pendé Pendé, la culture Yeah !
Pendé, Pendé ! Oyez ! Oyez !
À votr’ barbe, Olé ! Olé !
Pendé ! Oyez ! Oyez !
O Yeah, Pendé, Pendé !

Quand il s’est agi de choisir un emblème pour signaler au monde la singularité de notre petite épicerie, je n’ai pas eu besoin de chercher bien loin... Là, au-dessus de moi, sur une console branlante, se trouvait un masque rituel Pendé. Il était mon compagnon bien avant même que l’idée d’une quelconque maison d’éditions s’invitât. Plus, qu’elle me tombât sur la tête à la manière d’un cadeau immérité. Comme quoi, le « je-m’en-foutisme » paie !

Pendé...
Déformé, bicolore de manière brutale, ce masque Pendé montre de façon simple et évidente les souffrances universelles. Aussi épuré qu’un panneau de signalisation routière : ici sont les tourments des hommes, y voit-on clairement.
Et puis il y a ces deux couleurs, bien souvent le noir et le blanc, (ici le rouge et le blanc). Elles figurent cette scission qui torture le malade avant la cérémonie, cérémonie expiatoire au bord de l’épilepsie, aux termes de laquelle l’homme ou la femme guérissent. Par analogie, cette bichromie ou binarité chromatique figurent les clivages qui nous travailleront notre vie durant : ces aiguillages répétés qu’il nous faut emprunter, sans cesse, ad nauseam.

À la manière des chevaux du Sang des Bêtes, ce somptueux film de Franju, nous sommes littéralement sommés de nous engouffrer, toujours et toujours, dans un système de « oui/non ». En cela, nous ne différons pas des ordinateurs... Seule la souffrance, qui est engendrée par cette sommation, fait notre particularité. Nous nous en passerions. Nous ne le pouvons pas. Bien.

Et puis, parlant toujours de ces deux couleurs adverses, elles font se présenter le masque comme un « binôme dépareillé », deux forces appelées à se supporter l’une l’autre, contraintes dans une même entité... Disons ce que masque Pendé est nous, non ?!

Alors, si j’associe la déformation des traits, comprenez le rictus douloureux du masque, sa bichromie adverse et complémentaire puis, enfin, la binarité de l’ensemble qui donne un tempo (plutôt speed, violent, lâchons le mot : rock...), il me semble que j’y arrive...

Les éditions Lunatique, dont le nom lui-même épouse l’idée de ce masque clivé, douloureux, fait et fera la part belle aux auteurs qui auront su affronter dans leurs écrits ce dont je parlais plus haut : leur scission dans ce qu’elle a de plus implacable et, sans rien en omettre, la peur qu’elle a pu engendrer chez eux et, enfin, comment au travers de la littérature, éminemment contenue dans leur style, ils seront parvenus à sublimer un frayeur universelle, donc commune, en œuvre, donc singulière et irremplaçable.

Pendé, Pendé, tous possédés !
Pendé Pendé, la culture Yeah !
Pendé, Pendé ! Oyez ! Oyez !
À votr’ barbe, Olé ! Olé !
Pendé ! Oyez ! Oyez !
O Yeah, Pendé, Pendé !

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