D'abord,
Nanook,
c'est un webzine culturel mais pas que. Implanté sur la toile depuis
2001, les responsables du site déclarent sur l'honneur vouloir «
partager des goûts, des idées, entre culture et humour… »
Aussi
donnent-ils leur avis sur ce qu’ils lisent, voient ou entendent… en espérant titiller chez leurs fidèles lecteurs « l'envie d’en découvrir plus sur ces actualités. »
Des gens bien, donc. Qui ont lu Mailles à l'envers de Marlene Tissot et tiennent leurs promesses puisqu'ils en parlent en une de leur revue !
Signée Laetita, la chronique commence par un joli portrait détaillé de Marlene, suivi d'un résumé qui n'en dit pas trop (ouf !), d'un extrait que nous restituons ici, et se termine par un avis sans réserve : « Un
de mes coups de cœur de 2012 ! »
Extrait
C’était
comme ça les départs en vacances quand j’étais môme. Juste un
peu plus de silence que d’ordinaire. Je regardais les paysages
défiler, sagement assise sur la banquette arrière. L’herbe, sur
le bord de la route, faisait des dessins flous comme un film en
accéléré. Je retenais ma respiration pour essayer de ralentir tout
ça. Freiner un peu ma vie qui se tricotait. Trop de mailles à
l’envers, pas assez à l’endroit. Je savais bien que fermer les
yeux ne servait à rien. C’était un peu comme éteindre la lumière
pour camoufler le désordre.
Papa
conduisait. Il bâillait.
Parfois
il arrêtait la voiture sur le bord de la route et s’éloignait
pour pisser contre le tronc d’un arbre. Parfois sa pluie jaune
acide dégommait une colonie de fourmis. Il s’appliquait à les
viser au mieux avec l’air de se prendre pour Dieu, essorant son
orage jusqu’à la dernière goutte. Puis il remballait sa bite et
sa toute-puissance, et on repartait sur les routes cabossées, exiler
nos désespoirs vers d’autres paysages. Maman s’endormait. Sa
tête penchait doucement sur le côté. J’étais sage. J’étais
un bagage sur la banquette arrière. Silencieux. Encombrant.
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