Pour illustrer l'histoire marmonnée du jour, petit lien vers le blog clik et clak de Dominique Houcmant :
Le
long de la Meuse
Comme
tous les dimanches – un de plus à arpenter les berges de la Meuse,
échine courbée, pupilles pointues et douloureuses à force de
scarifier les brins d’herbe grise, verte et jaune ; la terre lourde
; les eaux opaques.
Chaque
péniche laisse dans son sillage des vaguelettes qui éructent
mollement contre la rive, léchant de leur salive brune sachets en
plastique et canettes flottantes.
Comme
tous les dimanches, N. dame le sentier de ses semelles. Chaque muscle
tendu de son corps a beau sentir le frôlement de l’air et le
postillon des embruns sur la peau, aucun ne s’y abandonne. Les
pieds martèlent, le regard lacère les dos abrupts des pêcheurs,
figés à jamais par le désir.
Celui
de N., assouvi et renaissant, l’aiguillonne, le coince dans un
tourbillon dense et lent aux trousses d’une trace improbable et
pourtant.
L’herbe
se fait de plus en plus rare à présent. Passé le pont, les
crachats des premières cheminées troublent le gris du ciel. Les
couleurs flamboient – rouge, orange, vert, bleu
– tandis que l’odeur d’œuf pourri s’insinue au fin fond des
poumons.
On
s’y habitue vite, comme à une couche visqueuse sous laquelle on
débusque, à force d’entraînement, des nuances insoupçonnées de
pluie. Terre, vase grouillante. Fleurs tardives, feuilles
pourrissantes, bourgeons cachés.
pp.
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