« Je suis forte, j’ai pas le choix. »

« Difficile d'imaginer plus noir que cette terrifiante histoire. Violaine Bérot enferme peu à peu son lecteur dans un écheveau de soliloques mortifères. Celui de la mère, bloquée dans son délire. Celui de Titou, pris au piège du triangle infernal, condamné à la noyade. Celui de l'enfant du placard, vivant par par-delà les tombeaux. Au fond du trou, perce pourtant une pâle lumière. Vibrante et bouleversante. Celle d'une humanité étouffée, d'une tendresse mutilée. Tout pour Titou est un livre d'une force singulière. Court, dense, implacable. Violaine Bérot écrit comme on boxe. Droit au cœur. Direct à l'âme. »

Michel Abescat, Le Monde

La Mère

Je suis forte, je le sais, je l’ai toujours été. Je suis forte parce que je me suis jamais permis de ne pas l’être. Je suis forte, j’ai pas le choix. Je sais depuis le début que ce sera dur mais que je tiendrai.

J’ai la clé sur moi en permanence. Je m’en débarrasse que pour me laver ou dormir. J’ai cette clé sur moi qui me rappelle en permanence le poids que je traîne. J’ai pas le choix.

Tous les jours je le vois. Tous les jours je le verrai. J’aurais dû avoir le courage de le faire disparaître ou de l’abandonner.

C’est trop tard. J’ai raté le bon moment.

p. 66

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