« être capable d’aimer démesurément celui que tu as choisi d’aimer »

Deuxième roman signé Violaine Bérot à paraître aux Éditions Lunatique, Pas moins que lui change de registre mais pas de thème ; car il s'agit, comme Tout pour Titou, d'une histoire d'amour déraisonnable.
S'appuyant sur l'Odyssée d'Homère, l'auteur s'est emparée du personnage de la sage Pénélope, s'est immiscée dans ses pensées secrètes pour nous restituer dans une langue flamboyante le secret de ces vingt ans d'attente. 


Ulysse t’a quittée à contrecœur il y a vingt ans pour aider Ménélas à récupérer sa trop belle femme par un autre enlevée. Depuis bien longtemps maintenant, Hélène est sagement rentrée dans son foyer, a repris sa place aux côtés de son époux. De chaque héros de la guerre de Troie qui a combattu pour elle, tu as appris ce qu’il est advenu : soit mort à la bataille – et les récits de décrire sa fin mémorable – soit de retour chez lui sain et sauf. D’un seul, tout le monde a perdu
la trace : Ulysse. Rares sont ceux à oser encore le croire vivant.
Même ton fils a perdu l’espoir.
Tu t’obstines pourtant.
Face à ton père, à tes frères, qui te pressent de choisir un nouvel époux, tu continues à tenir bon. Qu’ils trouvent ton comportement déraisonnable, absurde, ne semble pas même te faire vaciller. Ton opiniâtreté est sans égal. Tu as décidé qu’Ulysse te reviendrait : tu l’attends.
Tu es moins belle qu’Hélène mais tu possèdes cet atout : être capable d’aimer démesurément celui que tu as choisi d’aimer.
Tu es folle d’amour pour Ulysse. C’est cette folie, cette ferveur effrénée, qui fait que même le temps ne parvient pas à avoir prise sur toi. Tu sais que nulle part, près d’aucune autre, il ne trouvera cette fusion dans l’amour, ce don de soi, cette écoute – cette audace. C’est de cela que te vient la certitude de son retour. S’il est vivant, il ne peut que te revenir. Et vivant, pourquoi ne le serait-il pas, puisque personne ne l’a vu mort ? Ton raisonnement te semble irréfutable, tu t’arcboutes à lui de toute ta volonté.
Ainsi, tu tiens.
pp. 17/18
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