Culturopoing se présente comme le partenaire de vos ébats culturels, et l'on veut bien le croire à lire la très belle recension de La toute petite fille monstre parue récemment.
On ne résiste pas au plaisir de vous la copier in extenso :
« Inspiré
de la vie d'une criminelle de guerre en Bosnie, ce premier roman
aborde son sujet avec une étonnante maturité littéraire et
philosophique. Un court roman qui prend à contre-pied les ressorts
sordides/pathétiques/moraux que l'évocation de la vie de la "toute
petite fille monstre" risquait d'aisément emprunter.
Menue,
âgée de 16 ans seulement, Monika se rend coupable d'actes
monstrueux à Brčko en 1992 en plein cœur des guerres de
Yougoslavie. La véritable Monika sera arrêtée en décembre 2011,
alors qu'une Monika alternative, détachée de son aînée par un
processus d'incarnation littéraire, continue à errer dans l'esprit
de ses lecteurs.
Car
là réside la force et la qualité de cet ouvrage. Roman concis et
silencieux, il montre une approche paisible de l'intériorité de son
monstre, comme convaincu du pouvoir de la littérature de s'emparer
d'un sujet et d'en faire un objet imaginaire et philosophique capable
de jaillir en nous et de nous interroger (autant l'auteur que le
lecteur).
La
biographie fantasmée de Monika que constitue le livre se détache
très vite des éléments factuels, et en particulier n'inonde pas de
violence ses pages, se limitant à de brusques incursions qui,
suffisantes, résonnent dans le reste de l'ouvrage. Adeline Nebojša
peut ainsi concentrer son écriture sur l'intériorité de son
personnage, le flux de ses pensées - et considérer ainsi son
humanité plutôt que sa monstruosité. Aux actes inhumains répond
l'expérience humaine, l'épreuve du monde, en amont et en aval, de
laquelle ils émergent et qu'ils engendrent en retour.
Monika
est un corps et une âme tourmentés, les chemins tortueux qu'elle
emprunte résonnent de ses actes et d'une très forte volonté de
vivre, de survivre. Survivre à la guerre et être la plus forte,
survivre à la fuite, à l'ennui, au normal qui tend à s'imposer au
fil du temps mais tord, comprime, blesse.
Bien
rythmée, maîtrisée, pleine, La toute petite fille monstre
est une surprenante découverte qui laisse un sentiment de compassion
tout autant que de tristesse - plus doux que le sentiment d'horreur
qu'elle aurait pu vouloir susciter - et qui s'étiole lentement après
avoir fermé le livre. »
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