Ligie
est petite pour son âge. Au point que, assise sur une chaise, ses
pieds se balancent dans le vide. Elle manifeste aussi un goût
prononcé pour tout ce qui relève de l’étrange, tels que les
cabinets de curiosité, l’alchimie, la cryptozoologie ou le cinéma
muet allemand. Bonne élève, Ligie donne le change à ces adultes
qui hésitent sur l’attitude à adopter face à une orpheline.
Pourtant, rien de cela ne suffit à expliquer qu’elle soit si
différente des autres enfants de sa classe.
Marianne Desroziers a trempé sa plume dans une encre fantastique pour
dépeindre le monde de Ligie, si terne et rude le jour, mais la nuit
si extravagant, dans la forêt de ses rêves.
Fable
naïve ou conte cruel, L’Enfance crue ne lâche pas le lecteur,
dont les pensées longtemps tenteront de suivre Ligie « de l’autre
côté », et de comprendre.
« Elle
courait à perdre haleine. S’arrêtant parfois pour changer de
direction, repartant au hasard. Égarée au milieu de la forêt. À
la fois effrayée et excitée. La peur diffuse dans tout le corps.
L’excitation concentrée au creux du ventre. Yeux grands ouverts.
Pupilles dilatées. Souffle court. Cœur battant fort dans la
poitrine. Cheveux au vent. Fils d’or se balançant follement dans
les fougères. Sillonnant la forêt dense à grandes enjambées.
Filet de sang sur ses mollets égratignés par les ronces. Son pyjama
mouillé par la rosée, collant à ses membres. Elle tomba. Se
releva. Reprit sa course. Un bruit derrière elle, juste là, tout
près. Elle sentit une présence. Quelque chose ou quelqu’un lui
voulait du mal. »
p.
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Ligie, petite fille orpheline de sa mère, s’évade tous les soirs dans une forêt imaginaire et reprend la vraie vie le matin quand le réveil sonne. Et plus on avance dans l'histoire moins l'on sait quand est le jour et quand est la nuit. avec ses fantasmes.
RépondreSupprimerUn très joli conte qui passe de la réalité au rêve, jusqu'au moment où tout s’enchevêtre….