« Trop
petit, Le Dôme, trop de souvenirs… Pascin et son désespoir.
Modi et sa volubilité, sa beauté encore perceptible, malgré
l’alcool et la maladie. Utrillo avant son internement… »
Il
a de la culture, Pic Paris !
Cependant
que tout lui paraît vain, Pic Paris déprime. À quel zinc
s’accouder pour étancher sa soif ? À quelle table s’asseoir
pour rassasier ses appétits de beauté et de transcendance ? La
Coupole, bien sûr ! Un territoire vierge, que peintres et
écrivains n’ont pas encore souillé, où nul fantôme glorieux ne
flotte, un lieu dépourvu de ces ombres qui terniraient la moindre
illumination. Tout est à faire à La Coupole, pour qui sait
écrire ! Son œuvre naîtra enfin.
p.
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La
bohème, la bohème
Ça
voulait dire on a vingt ans
La
bohème, la bohème
Et
nous vivions de l’air du temps
Le Nid, c’est l’histoire de Pic Paris, cajoleur de rêves, rebelle —
poète ! —, qui entre deux verres de vin, refait le monde au
comptoir des brasseries du boulevard Montparnasse. Accroché au zinc
pour ne pas sombrer dans la désillusion d’un univers artistique et
littéraire à ses yeux déchu, Pic Paris quête sa muse :
l’authenticité.
La
bohème, la bohème
On
était jeunes, on était fous
La
bohème, la bohème
Ça
ne veut plus rien dire du tout
Le
moral bas mais le verbe haut, il se révèle tour à tour orgueilleux
et insolent, élégiaque et sentimental. Fort de ses convictions, il
ravive par ses diatribes enflammées les fantômes d’un Paris
bohème, froufroutant et inspiré. Il a de la culture, Pic Paris !
Surtout, il cherche le sens de la vie au fond des ballons de rouge,
l’inspiration au fond des ballons de blanc, et est touché par la
grâce après un verre d’armagnac.
Au
travers du regard embué d’un Pic Paris aussi drôle qu’émouvant,
Pauline Louis donne à voir un Paris révolu et enchanteur, et pose,
l’air de rien, la question du génie artistique.
La
bohème, la bohème
Ça
voulait dire tu es jolie
La
bohème, la bohème
Et
nous avions tous du génie...
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