Journal d'un fœtus fait (encore) des siennes sur Ciao viva la culture : « Le
lieu clos devient caisse de résonance, une sorte d’échographie
inversée : ce serait le monde qui se dessinerait sur la peau
maternelle tendue, un monde qui viendrait s’y fracasser en formes
grises et noires. Comme les pruneaux, indispensables au père,
constipé aigu, comme la galerie de portraits qui défilent en
grosses têtes carnavalesques, avec le prix du jury accordé à
la mère. »
« Dans
ce récit d’avant la perte des eaux, tout est déferlant, la
vitesse de la pensée, l’entrecroisement des constats et
l’intensité de l’insurrection. Cette préparation à l’entrée
dans la vie déchire les certitudes et les images confites que nous
produisons en dessinant le côté extatique de la grossesse et sur le
supposé bonheur béat de la procréation : et faut en plus que
je me tape la voix de mon procréateur, que d’aucuns appelleront
père. On pourrait y voir un jeu de destruction, mais on oublierait
alors la forme de l’écriture, car ce fœtus semble être saisi par
une urgence à dire, comme par un instinct de survie. La jubilation
de la parole comme acte de salut, comme mouvement de respiration
cultivé à l’infini. […] Cette pratique de l’écriture loin de
susciter l’interrogation s’installe naturellement au gré des
pages. Le lecteur est emporté par ce rythme sans cesse alimenté de
faits chaotiques et de pensées disparates que la phrase charrie. Il
faut travailler avec une grande virtuosité pour organiser de la
sorte une découverte du monde conçue dans sa joyeuse et débordante
profusion. Et pour parvenir à changer notre mode de lecture, en
créant une relation charnelle avec le texte. »
Commentaires
Enregistrer un commentaire