« Le prof qui a vingt ans de métier regarde l’adolescent avec cet air de celui-à-qui-on-ne-la-fait-pas »
« Tristan
lève la main et se tient, les fesses au-dessus de la chaise, prêt à
bondir en direction de la porte. En hochant la tête pour lui
accorder la permission, le prof qui a vingt ans de métier regarde
l’adolescent avec cet air de celui-à-qui-on-ne-la-fait-pas, de
celui qui soupçonne une ruse pour utiliser le téléphone portable,
mais qui ferme les yeux, volontairement, et le signifie
distinctement. Face aux nouvelles technologies, il a abdiqué,
progressivement mais inéluctablement. Il ne confisque plus rien : vu
les prix, ce serait une trop grosse responsabilité. Il ne s’assure
plus que les portables sont éteints : ce serait peine perdue. Il
n’exclut plus personne en cas de sonnerie intempestive pendant un
cours : il attend juste des excuses. Parfois, même, il s’en amuse.
De toute façon, lui aussi, il a son smartphone. Il surfe sur Twitter
et Facebook pendant les interros. Il envoie des mails et des textos.
Il lui arrive aussi de décrocher pour un appel en numéro privé.
Car il espère toujours que Marlène va le rappeler. Un jour. Même
si le divorce a été prononcé. »
p.
28
D’autres extraits de De l’amer, de Séverine Capeille, sont à découvrir sur le site.
Commentaires
Enregistrer un commentaire