«  Il criait dans le micro : « Le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, c’est qui ? C’est qui ? », et tout le monde s’exclamait : « Jésus ! » »

Là-bas, dans la grande crypte de l’église Notre-Dame de la Miséricorde, nous écoutâmes le prêche du bénédictin Daniel Ange spécialisé dans l’accueil des jeunes désespérés. Il criait dans le micro : « Le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, c’est qui ? C’est qui ? », et tout le monde s’exclamait : « Jésus ! » Il raconta pendant une heure des anecdotes bouleversantes sur les dernières apparitions de la Vierge en Tchécoslovaquie, puis sur de nombreux jeunes que Jésus avait sauvés de la drogue et du sexe, puis il mit en garde contre la musique rock en expliquant que, lorsqu’on passait les bandes à l’envers, on y entendait non seulement des incitations « au suicide et à toutes les perversions sexuelles possibles et imaginables », mais aussi « des consécrations à Satan », enfin il dénonça l’avortement avec des sanglots dans la voix en déplorant que « les lieux bénis entre tous où la vie doit éclore » deviennent si souvent « un tombeau». Ses phrases les plus puissantes suscitaient des vagues d’applaudissements : « La résurrection de Jésus ce n’est pas un miracle, c’est la chose la plus ordinaire et la plus normale qui soit, c’était impossible qu’il ne ressuscite pas ! Le miracle, c’est qu’il soit mort ! » Ma grand-mère le trouva un peu exalté, moi non. Moi, j’avais l’impression que si Daniel Ange venait avec moi au collège de Buchy tous les élèves se mettraient à genoux en même temps, se convertiraient et viendraient me serrer contre leur cœur.
pp. 56/57
À lire sur le site, d’autres extraits du Collège de Buchy, le nouveau roman de Jérémie Lefebvre.
Une rencontre avec l’auteur est prévue au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice, le mardi 30 juin, à partir de 20 h 30, dans le cadre des Mardis littéraires de Jean-Lou Guérin.

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