« mais derrière leurs masques, derrière leurs yeux craintifs, sous leurs petites joues fraîches de marmots, il y avait des élèves du collège de Buchy »
Mais
les autres, mes camarades de primaire, le savaient. Élise Baudouin
le savait, Vincent Billard le savait, Sandrine Granchard, Hervé
Leblond et Florence Duclos le savaient. Rien de spécial ne semblait
leur être arrivé. Ils se baladaient dans la cour mouillée du
collège avec le plus parfait naturel, comme s’ils y étaient chez
eux depuis toujours. À les regarder continuer de vivre au cœur du
bâtiment hideux, on aurait dit que Sandrine Granchard avait hurlé
des gros mots toute sa vie, qu’Olivier Lebichet n’avait jamais
souri et que
Vincent Billard crachait de la morve sur les murs depuis le C.P. Je
n’en revenais pas qu’ils aient réussi à me faire croire pendant
des années qu’ils étaient des enfants de l’école primaire de
Morville-en-Bray alors qu’ils ne l’avaient jamais été. Même au
tout début, même lorsque nous ânonnions la méthode syllabique
Daniel et Valérie, ils ne l’étaient pas, ils se donnaient l’air
de bambins de six ans qui n’en menaient pas large quand madame
Férolle devenait toute rouge, mais derrière leurs masques, derrière
leurs yeux craintifs, sous leurs petites joues fraîches de marmots,
il y avait des élèves du collège de Buchy.
pp.
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À lire sur le site, d’autres extraits du Collège de Buchy, le nouveau roman de Jérémie Lefebvre.
Une rencontre avec l’auteur est prévue au Café de la Mairie, place Saint-Sulpice, le mardi 30 juin, à partir de 20 h 30, dans le cadre des Mardis littéraires de Jean-Lou Guérin.
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