Deux
jardins
L’ombre
est profonde sous les chênes. Un vieux portail supporte l’exubérante
vigueur d’un rosier sauvage. Puis ils atteignent la retenue d’eau
naguère utilisée pour la forge. L’homme de raconter l’histoire
du lieu à travers les siècles, sa particularité géologique, son
exploitation, sa renaissance comme demeure d’agrément. Les
feuilles bruissent, les eaux donnent leurs mots. C’est maintenant
vers un bras d’eau qu’ils s’avancent, laissant à leur gauche
quelques grands bâtiments auréolés d’aralias géants et tapissés
d’ampélopsis par endroits rougeoyants, aujourd’hui rénovés
pour la location saisonnière. Le guide explique, renseigne,
commente. Pascal et Philippe acquiescent, opinent, questionnent, plus
attentifs cependant à ce que les frondaisons et les eaux tissent
d’atmosphère et de magie. Car, de ses mains souveraines écartant
les nuages qui jusque-là ont encombré le ciel apparaît le soleil,
et, dans l’offrande de sa lumière, le jardin tout entier se fait
lieu rare, espace à préserver, île à se souvenir. Là les bambous
aux chaumes noirs, ici les fougères arborescentes. Un sous-bois, un
massif de buis taillés, et au détour d’un couple de viornes la
vue sur la maison frappée de cet inespéré soleil. Les pierres
claquent d’ocre. Le velours du solidago invite à la caresse.
Violences brèves, Gilles Ascaso, pp.
66 et 67
Cette nouvelle a puisé son inspiration en Limousin, dans le réputé Jardin de Liliane.
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