« Pourquoi partir alors qu’il était blanc avec des papiers en règle ? »


Photo prise dans la librairie Dialogues, de Brest, et volée sans vergogne à Léna Ellka

Renan file sur son chariot de ménage comme si c’était une trottinette. Il arrive beaucoup trop tôt à la réunion d’équipe, mais ce n’est pas grave. Quand il a dit à ses collègues qu’il allait faire un tour du monde, ils l’ont regardé comme un doux dingue. Pourquoi partir alors qu’il était blanc avec des papiers en règle ? Ensuite, tous ont proposé de l’accueillir dans leur famille, là-bas au bled, au village, dans la tribu. C’est idéal pour son expédition future, il a bien fait de prendre son temps à la gare. Renan a vite eu un tas d’adresses partout dans le monde. Enfin, surtout en Afrique et en Europe de l’Est. L’Inde attendra encore un peu.
 Renan ne comprend pas ce que racontent ses collègues quand ils parlent entre eux, mais ça fait une jolie musique. Entre personnes de la même langue, ils relâchent leurs épaules, s’affaissent un peu comme s’ils mettaient leurs chaussons chez eux. Renan a eu l’envie d’apprendre quelques dialectes en vue de son voyage. Après un gros problème d’indécision sur le choix de la langue, il apprend quelques mots de peul avec un vieux griot. Ce n’est pas sûr qu’il s’en serve, mais il est comme ça, Renan. Ce n’est pas l’utilité qui le guide, c’est la sonorité rebondissante de la langue.


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