« Le genre à s’évaporer quand ça chauffe. »


Dans son émission Paludes (Radio Campus Lille), Nikola Delescluse partage son enthousiasme pour le dernier roman de Raymond Penblanc, Prête-moita plume.

Il est aussi timide qu’elle, et ça se voit au premier coup d’œil, malgré la barbe et la moustache. Lui aussi habite une ferme, encore un point commun, même si la sienne compte davantage de terres, et plus de bêtes. Au jeu des ressemblances ils s’en découvrent une autre, car lui aussi a perdu son père. Pour faire pencher la balance de son côté (les hommes sont toujours comme ça), il y ajoute sa mère. Il est donc orphelin, orphelin complet. Est-ce que ça se voit ? Est-ce que ça se voit sous la barbe ? Guère, mais ça se verra plus tard, ça se verra à l’usage. Sa sœur se prénomme Jeanne, appelée Jeannette, encore un point commun. C’est elle qui remplace la mère (et le père), alors que pour Jeanne ce serait plutôt Bertrand. Jeanne aime
les mots, il préfère les chiffres, pas vraiment un point commun, mais un point de rencontre, celle des complémentaires. Il doit adorer la musique, puisqu’il trimballe un banjo auquel manque une corde, ce qui l’empêche de jouer. Elle en profitera plus tard. Du rossignol, elle se souvient comme de la pureté même, ils iront l’écouter le long des chemins et dans les champs, et si ça n’est pas chez elle, ce sera chez lui. Il dit qu’un de leurs champs borde la ligne de chemin de fer, la grande, celle qui conduit à Rennes, puis à Paris. Blagueur, il raconte qu’un jour il a laissé marauder ses vaches, et que lorsqu’il s’est rendu compte de sa bévue, elles obstruaient la voie, obligeant le train à s’arrêter, dont le chauffeur, ou le mécanicien, il ne sait trop, est descendu, furieux, pour les repousser à grands coups de pompe et l’enguirlander. Il lui en a à peine laissé le temps, car il a vite déguerpi pour se planquer derrière un talus. Il est donc un peu trouillard. Le genre à s’évaporer quand ça chauffe. Cependant on peut compter sur lui. S’il ne parle pas beaucoup, en tout cas moins qu’elle, il sait écouter, ce qu’il fait avec ce petit sourire complice qu’on retrouvera sur beaucoup de photos.


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