Samedi,
à l'espace L'Autre LIVRE, c'était au tour de Jérémie
Lefebvre,
accompagné de Viviane
Campomar,
de répondre de ses actes d'écriture. Entrecoupé de savoureuses
lectures extraites du Collège
de Buchy,
l'après-midi s'est doucement mué en soirée jusqu'à disparition
complète des cacahuètes.
Il
fut question de harcèlement scolaire, certes, mais pas seulement.
Les questions ont tourné autour de l'écriture autofictionnelle, la
méchanceté, le comique, et l'utilisation du conte dans la structure
narrative.
«
Un jour, je suis entré en sixième au collège de Buchy. Il s’est
alors mis à pleuvoir sans discontinuer sur toute la Seine-Maritime,
la lumière s’est figée dans un crépuscule permanent, Dieu a
disparu du ciel et le malheur s’est abattu sur moi. »
J'ai
attaqué le livre cet après-midi et je l'ai avalé d'une
traite. Quand je dis que je l'ai « attaqué »,
je ne m'attendais pas encore à ce que le livre rétorque et que
ça soit lui au final qui m'attaque. Il
m'a chopé à la jugulaire, comme un pitbull et ne m'a plus lâché
jusqu'à la dernière ligne. Au début, j'ai vaguement pris le
parti de rire de sa férocité, de sa cruauté et puis, il m'a mordu
par surprise. A vrai dire, il a fallu plusieurs heures avant que
je puisse écrire ces lignes tant l'uppercut m'aura laissé sans
mots, le souffle court.
Et
j'ose le dire, c'est un petit bouquin d'apparence fluette mais qui
cache une musculature littéraire insoupçonnée et une force de
frappe titanesque... De ceux qui ne vous laisse pas indemne et
dont vous sortez profondément modifié. Je comprends un peu
mieux l'hostilité et même la violence qu'il génère... (bien
qu'elles soient injustifiables !)
Le
moins qu'on puisse dire est qu'il doit rester sérieusement en
travers de la gorge de certains de ses lecteurs (ou de ceux qui l'ont
jugé sans l'avoir lu et qui ne soupçonnent même pas à quel point
ils sont très nettement en dessous de la réalité ^^) et qu'il fait
partie de ces livres que je qualifie de « dangereux », au
sens ou ce qu'ils inoculent au lecteur n'est ni anodin, ni sans
conséquences. On ne se frotte pas impunément à ce genre de
littérature et il y a un avant et un après.
Je
n'ose imaginer ce que ça a du coûter à écrire.
Ce
livre n'est pas aimable, il ne cherche d'ailleurs jamais à l'être,
il est même profondément déplaisant mais je n'ai pas de mots assez
forts pour dire combien je le trouve profondément admirable et
essentiel. »
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