« Le fil et les épingles à linge, voilà mon horizon »


Vendredi, à l'espace L'Autre LIVRE (13, rue de l'école Polytechnique, 75005), nous fêtions L'Apparition, de Perrine Le Querrec.
En même temps que Têtes blondes, il y a un an, Lunatique avait adopté Pierette, Piera, Petra.
Un village depuis toujours isolé. Trois enfants soudain confrontées à des apparitions. Un phénomène qui bouleverse aussi bien le village, jusqu’alors totalement ignoré du reste du monde, que les enfants elles- mêmes : corps à la renverse, marches extatiques, chutes, visions, nouveau langage. Comment l’écrire, quel vocabulaire inventer ?

Par l’entremise de L'ApparitionPerrine Le Querrec façonne la langue, pétrit, dévoile, construit un mythe, s’adresse au monde d’aujourd’hui, révèle la violence latente en toute société.
« Le fil et les épingles à linge, voilà mon horizon de sorte que je reste ici à attendre quelqu’un qui viendrait de plus loin m’emmener. Ne rien connaître d’autre de la vie que les fruits qui mûrissent pourrissent tombent. Ce bruit-là. Cet événement.
L’héritage c’est pour le fils : le plomb, les pierres, l’outil, les bêtes, et moi la fille tout juste pour épouser celui-là ou celui-ci, je les regarde ces garçons que je connais depuis le début et aucun, je vous en conjure Vierge Marie, aucun. Ils veulent une femme qui soit encore une mère mais une qu’ils peuvent entrer dedans jusqu’au fond. Pas moi. Pas moi. Pas ceux-là.
Le sang au fond de ma culotte parle de mon corps grandi. Le jour où j’ai saigné pour la première fois, j’ai saigné comme le sang du Christ dans l’église, ses mains son flanc ses pieds, moi la fente entre mes jambes. 
Comment le dire ? 
Ça commence où, ça s’arrête où mon corps ? Je l’arrête où ? »
pp. 29/30
Vous pouvez lire ici d'autres extraits de L'Apparition

La vitrine Lunatique, avec une litho de Thierry Toth.
Séance de dédicace au pied levé



Table ronde : « Prose et poésie, l'impossible séparation »

Gersende Michel



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