Marraine
cette année de la Maison de la poésie La
Factorie, Perrine
Le Querrec est
invitée ce
vendredi 29 avril pour
une soirée poétique autour de ses différents écrits.
Chaque
recoin de La Factorie va vibrer aux accents des poèmes de Perrine Le Querrec dans la
mise en scène de Gersende Michel, avec la complicité de la compagnie Ô Clair de Plume.
Ce
sera l'occasion de célébrer en grande pompe la parution de son
dernier roman L'Apparition.
Je
suis la fille du pleureur. Quand il ne pleurait pas, il avait pleuré,
il aurait pu pleurer. Un jour je l’ai surpris en larmes. Le jour
suivant je l’ai surpris en larmes. Chaque jour je le surprends
en larmes. C’est qu’il pleure tous les jours. C’est qu’il
pleure dans la maison. C’est qu’il pleure encore et s’il pleure
c’est qu’il est malade.
Je sais un fils est mort. Mon frère
aîné. Entre les sanglots de mon père ma mère répète :
– J’ai lavé le corps de mon fils. Son corps bleu, ses membres lourds qui pèsent dans mes mains. Toutes les nuits je me couche sur mon ventre de peau vide, c’est de ta faute !
Elle le jette à terre. Il pleure à terre. La nuit si je me lève j’enjambe le corps de mon père, je détourne le regard de ma mère. Elle est assise dans le lit. Elle dit :
– J’ai lavé le corps de mon fils. Son corps bleu, ses membres lourds qui pèsent dans mes mains. Toutes les nuits je me couche sur mon ventre de peau vide, c’est de ta faute !
Elle le jette à terre. Il pleure à terre. La nuit si je me lève j’enjambe le corps de mon père, je détourne le regard de ma mère. Elle est assise dans le lit. Elle dit :
– Couché c’est pour les
morts.
Elle enfonce sur son visage le bonnet de nuit qu’elle a fabriqué. Il descend jusqu’aux épaules. Deux ouvertures percées au niveau des yeux. Un surplus de fils se rabat dessus.
Un autre trou pour la bouche, fermé par un unique bouton. Parfois elle parle par là avec son fantôme.
Elle enfonce sur son visage le bonnet de nuit qu’elle a fabriqué. Il descend jusqu’aux épaules. Deux ouvertures percées au niveau des yeux. Un surplus de fils se rabat dessus.
Un autre trou pour la bouche, fermé par un unique bouton. Parfois elle parle par là avec son fantôme.
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