Dégel.
La vie frémit sous la neige, la terre se ramollit, son corps
s’ouvre.
Il faut un miracle pour convaincre les foules.
C’est une
foule du dimanche, tous les mondes réunis, des caméras, des
journalistes, des influents, la tyrannie et l’ambition, des
vainqueurs et des vaincus, chacun veut sa part. Parler à ceux qui
gouvernent, voilà de quoi sont capables ces trois enfants. Elles
descendent dans les racines de l’exister, de leurs corps déformés
signent un pacte invisible, dévoile la fureur originaire latente.
Pourvu qu’elles ne déçoivent pas cette fois-ci. Ils sont prêts à
patienter, il ne pleut pas, il fait trop chaud, les vêtements des
villes encombrent, les caméras, les projecteurs, les appareils, la
place manque le village ne convient pas ; vite on se lasse, vite ceux
d’en bas veulent y retourner, les enfants braillent, quelques
sifflets, de l’exaspération.
Le miracle attend la nuit. Nuit noire
sans lune sans nuage sans étoile sans ciel. Deux heures du matin
Petra sort de chez elle en extase. Sa démarche est une énigme, elle
plane au-dessus du sol tout en le foulant avec fermeté, franchit
sans guide cette obscurité de crypte, tourne au coin de la rue, les
gens crient, d’autres tombent, d’autres lui passent dessus,
devant, tout le monde veut voir, un garde est dépouillé de ses
vêtements, et à l’instant où la foule se précipite pour
l’assaut final elle tombe à genoux.
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