Pour que demain vienne, de Corine Pourtau. Voilà un titre de recueil qui illustre à merveille cette soirée de la saint-Sylvestre.
Les
lendemains qui chantent, bien sûr que ça fait rêver. Surtout quand
on est jeune, avec la vie devant soi. Seulement, avant que demain
vienne, il y a la nuit ; blanche pour certains, qui ne trouvent plus
le sommeil à force de mauvais rêves éveillés ; noire pour les
autres, sans même une lueur d’espoir.
Corine Pourtau égrène ses histoires avec une cruauté gracile. Ses
personnages voudraient bien grandir, surmonter les épreuves d’un
passé difficile et atteindre l’âge adulte, mais la réalité est
là, tapie dans les profondeurs de la nuit, prête à surgir, les
surprendre, prête surtout à se repaître de ces cœurs tendres.
Valse
lente
Autour
d’elle, l’agitation d’une n de journée ordinaire... Les gens
se pressent. Bottes, écharpes, chapeaux, manteaux serrés autour
de corps invisibles. S’anime le ruban des véhicules qu’on
verrouille et déverrouille, s’allument les phares, résonnent
les bips, les coups de Klaxon impatients pour forcer le passage. Et
à l’entrée du bâtiment, immobile, cette silhouette rencognée
dans son blouson trop n pour la saison et qu’elle ne quitte pas des
yeux, cette blondeur qui se pare de tonalités maladives – joues
enfiévrées ou lividité souffreteuse – au gré du néon.
C’est bien lui, pourtant, elle ne se trompe pas.
C’est
une ancienne voisine avec qui elle garde de loin en loin le contact
qui l’a avertie. Un jeune homme, planté quai Jean-Moulin depuis
une huitaine et qu’elle croise tous les soirs ou presque vers 19
heures, en allant faire ses ménages. Une fois ou deux, elle l’a
revu en rentrant, vers 22 heures. Elle pense l’avoir reconnu, mais
comment en être certaine ? Il a tellement changé, si c’est
vraiment lui. Amaigri, les traits fatigués. Et toujours
seul. Toujours l’air d’attendre, à la même place, devant la
même entrée. Elle ne pouvait pas se taire, n’est-ce pas, mais
elle ne voudrait pas non plus lui donner de faux espoirs. Quelques
années de plus, à ces âges, ça fait une telle différence...
pp.
12/13
Réflexion
faite, pour le titre, oui ; pour le propos, espérons que cette
nouvelle année se déroule autrement, dans la joie et la bonne
humeur.
Commentaires
Enregistrer un commentaire