« L'histoire
est là avec beaucoup de digressions, d'apartés que je ne comprends
pas forcément, mais dont j'apprécie le son, la couleur. Parce que
ce qui est indéniable, c'est que Raymond Penblanc a une belle
écriture, beaucoup de finesse, des jeux de mots, de l'humour, de la
tendresse et de la vacherie aussi. Il n'est pas tendre avec ses
personnages, même si certains bénéficient d'une description plus
clémente, ceux en qui on peut encore avoir de l'espoir. Absurde,
décalé, fou, que de beaux qualificatifs pour un roman. »
Pour vous convaincre (et pour se faire plaisir), un petit extrait de L'Ange gardien ?
« Tout
le monde aura pu voir mon portrait épinglé en une quinzaine
d’exemplaires dans la salle de dessin. Mieux que les vieilles
gloires de l’institution. Ma modestie va en prendre un coup.
«Je
te parie, John Bull, que d’ici Noël on viendra me consulter pour
me voir faire des impositions de mains et m’entendre prédire
l’avenir. Je soignerai les eczémas, les impétigos... »
John
Bull me fixe de son air idiot, l’air de dire, Allons-y alors,
commençons tout de suite. Cependant ça n’est pas John
Bull que je voudrais convaincre de mes talents de faiseurs de
miracles, c’est Martial. Depuis trois jours je ne l’ai pas vu, je
sais seulement qu’il s’entraîne (je l’ai aperçu là-haut),
et qu’il répète (à la chapelle sous la direction de Julie
Moll). Quelqu’un a dû le convaincre que je portais la poisse et
il me tient à l’écart. De telles accusations ne relèvent pas
que de la pure malveillance, elles sont pro- fondément injustes.
Car si je portais réellement la poisse, Martial aurait encaissé
au moins trois buts et ne serait pas devenu ce gardien qu’on honore
aujourd’hui. »
pp.
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