Une
langue mentale… à vous la délier !
« Un
roman d’amour noir » est-il écrit sur la quatrième de
couverture, tant il est vrai après lecture, que ce texte l’est,
sombre. Et que l’amour y est non seulement tordu mais aussi
sacrément malade ! Cependant oui, l’amour est là à chaque page,
mais comme craché par l’auteure. A sa manière bien particulière,
Violaine Bérot nous livre sa version de l’enfant sauvage,
l’innocence claquemurée. Violentée. C’est une prouesse qu’elle
réussit, de glacer de bout en bout, d’oppresser, en entrant non
pas avec une plume mais un scalpel dans la tête de ses personnages.
Il y a là Titou, l’enfant adoré et il y a l’Autre, le frère,
appelé aussi l’Ahuri, c’est tout dire. Il y a leur mère que
l’on plaint et que l’on maudit. Il y a aussi une gamine, Betty,
des élastiques de couleurs au bout de ses nattes et dès qu’elle
bouge la tête cette fille c’est un arc-en-ciel. Tour à tour les
voix des protagonistes s’élèvent composant un choeur tragique, au
dénouement aussi implacable qu’inéluctable.
Livre
après livre, on découvre un écrivain qui impose sa voix,
réinventant dans Pas moins que lui Ulysse redevenu un presque jeune
homme devant une Pénélope retrouvée, ou nous donnant à écouter
celle d’une petite fille sacrifiée à l’autel de l’amour –
plutôt du malamour – parental dans des Des mots jamais dits. Et
dans Nue sous la lune, le plus récent des romans de l’auteure,
paru en ce début d’année aux éditions Buchet Chastel, on est
avec une femme d’autant plus abusée qu’elle s’abuse elle-même.
En déliant les langues mentales qu’elle invente – et
certainement elles la prolongent – Violaine Bérot nous fait
entendre bien des silences.
Sur ce site dont il est difficile de se détacher, on peut lire une interview de Violaine. Pour prolonger le plaisir de cheminer avec cet écrivain loin des sentiers battus.
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