« Écrire est un manifeste d’existence. » Éditer aussi (non mais !)

« Le Salon de l’édition rennaise indépendante dénommé Panama Papiers a lieu le 17 juin 2017. À son origine se trouve un collectif d’éditeurs à Rennes : la Rennaise d’Édition. Son objectif : faire comprendre « qu’ici aussi il existe une petite édition indépendante qui résiste et qui crée ! ». Panama Papiers invite donc sur le papier à explorer cette aventure éditoriale locale…
Derrière les publications des éditeurs indépendants de la Rennaise d’Édition, on retrouve toute une conception du monde éditorial et une réflexion sur le rôle que l’éditeur doit y jouer. Ce dernier n’est pas compris comme un simple lien entre un auteur, une imprimerie et les lecteurs d’une œuvre. Il est avant tout celui qui s’engage, cherche à faire comprendre et réfléchir grâce à ses choix de publication. »

Un salon militant, qui fait écho au Manifeste du Zaporogue, de Sébastien Doubinsky.
L’écriture est la force d’une civilisation. C’est pour cela même qu’elle existe et qu’elle perdure, malgré tout. Les premiers textes sont des textes comptables ou juridiques. Après viennent les mythes et les poèmes. D’abord la réalité. L’économie et la loi. Après, la religion et l’art lyrique.
L’écriture est donc au service des hommes. Elle est un instrument, comme les mathématiques ou la géométrie. Le stylet se place dans la main et l’homme grave. Puis écrit. C’est le même geste, la même nature mécanique de l’écriture.
L’écrivain note ce qu’on lui dicte, ce qu’il voit ou ce qu’il imagine. Le geste devient polyvalent, social, politique, scientifique ou personnel. Il devient à la fois instrument de contrôle et possibilité de liberté.
Écrire est l’ambiguïté fondamentale et fondatrice de la civilisation.
Elle est sa marque même.
Celle de l’homme civilisé, de l’homme qui exprime son existence à travers celle de son Histoire.
Cela est tellement vrai que bien des civilisations anciennes, telles que celles des Égyptiens ou des Mayas, ont réservé l’écriture au pouvoir. Autour de nous, les régimes totalitaires ou fascisants cherchent à contrôler le flux des productions écrites, dans la droite ligne des censures nazie ou stalinienne.
Car le pouvoir n’aime pas l’ambiguïté.
Et Dieu encore moins.
La main qui écrit doit être dirigée et contrôlée. Ses gestes ne sont que répétition des discours ou des mythes officiels. Elle ne peut inscrire que des mensonges qui assurent au pouvoir sa pérennité.
Mais, la main appartiendra toujours à l’homme.
C’est l’appendice de notre liberté, comme les yeux pour voir, les oreilles pour entendre, la bouche pour parler.
Écrire est un manifeste d’existence.

pp. 17/18 

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